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Article de presse
Législatives 2017
Annie Hervo, toujours aussi révoltée
Il y a eu 2002, 2007, 2012 et maintenant 2017. Annie Hervo, la candidate locale Lutte ouvrière, enchaîne les campagnes législatives comme, en son temps, Arlette Laguiller avec les présidentielles.« À force, je connais par cœur les endroits où coller nos affiches », sourit-elle. Parmi ses terrains favoris, il y a les marchés bien sûr, mais aussi les chantiers navals de Saint-Nazaire. C’est d’ailleurs dans un café, au pied de l’emblématique portique rouge, qu’elle a donné rendez-vous pour l’interview. Qu’importe pour elle, si ce n’est pas directement dans la circonscription du Pays de Retz.« Beaucoup d’habitants du SudLoire travaillent aux chantiers. Et puis, à Lutte ouvrière, on est internationalistes, nos idées valent pour le Pays de Retz et au-delà, défend Annie Hervo.On ne vient pas particulièrement faire des promesses locales. On pense que le problème est plus large : c’est le capitalisme qui nuit à notre société. »
« Je ne baisse pas les bras »
Le discours est rodé. Il faut dire que cette éducatrice dans une association d’aide aux parents s’est engagée avec Lutte ouvrière dès son entrée au lycée. En 1973. En plein mouvement de contestation des jeunes contre la loi Debré et sa réforme du service militaire. Ça, c’est pour l’école, mais à la maison aussi c’était politisé.« J’avais beaucoup de communistes et de socialistes dans ma famille. On parlait beaucoup politique dans les repas, raconte celle qui a grandi dans un milieu ouvrier, autour de Pornichet.C’est comme ça que j’ai acquis une conscience de classe. » Le vocabulaire marxiste de sa jeunesse, la candidate de 60 ans continue de le revendiquer. Même s’il résonne très peu dans les urnes aujourd’hui, à l’image du score de Nathalie Arthaud à la présidentielle (0,65 %). Annie Hervo, elle-même, n’a jamais dépassé 1,7 % en quatre législatives dans le Pays de Retz.« On est peut-être un peu à contrecourant », remarque-t-elle. Sans pour autant baisser les bras.« Les chiffres ne me démobilisent pas, assure la candidate.Se présenter aux élections, ça nous permet surtout de nous faire entendre. Parce qu’en période de compagne, on est plus médiatisés. Et car les gens sont plus réceptifs aux discours politiques dans ces moments-là. » Rompue aux porte-à-porte et aux tractages depuis une quinzaine d’années, Annie Hervo sait de quoi elle parle. Elle a appris à cerner ses électeurs potentiels : les fameux travailleurs qui servent de ponctuations à chaque discours du parti.« Depuis mes premières élections, ce ne sont pas les méthodes pour faire campagne qui ont changé, mais la classe ouvrière. Elle a été illusionnée par la gauche au pouvoir, analyse-t-elle.Les ouvriers ont été déçus par ce quinquennat et ils ne croient plus en leur force. » Ce à quoi elle veut remédier. Pour ça, il faut aussi faire face à un adversaire de plus en plus présent : le Front national.« Avant on se referrait moins au FN. Mais ses dirigeants sont très malins dans leurs discours envers les travailleurs. Sauf que Marine Le Pen reste une bourgeoise, qui trompe l’électorat ouvrier avec le nationalisme », dénonce Annie Hervo. Pour elle,« les ouvriers ont intérêt à se rassembler, au-delà des frontières » . Car l’ancienne lycéenne frondeuse des 1970 espère toujours un soulèvement contre le capitalisme. Pour« une société communiste, qui se contenterait de produire pour répondre simplement aux besoins de chacun, dans l’intérêt de l’humanité » . Un espoir nourri par un sentiment de révolte qui ne s’est pas tari avec le temps. Au contraire.« Je ne baisse pas les bras parce que je vois sans cesse des gens qui en bavent, parce que beaucoup de choses sont révoltantes dans notre société. »
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