Arcelor : Des milliers de licenciements programmés30/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1800.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Arcelor : Des milliers de licenciements programmés

Une semaine après que Francis Mer, le ministre des Finances et ancien vice-président d'Arcelor, s'est dit " révulsé " par la fermeture de Metaleurop, le trust sidérurgique Arcelor vient d'annoncer l'arrêt de ses investissements dans plusieurs sites. Les hauts fourneaux de Liège en Belgique, de Brême et Eisenhuttenstadt en Allemagne, de Florange en Lorraine seront éteints et plus de 5 000 emplois supprimés. Comme trois emplois indirects proviennent d'un emploi dans la sidérurgie, 20 000 emplois disparaîtront de 2004 à 2010. Pour justifier cette décision, Arcelor - qui provient de la fusion en 2001 d'Usinor, d'Arbed et d'Aceralia - invoque pour les aciers plats 2 millions de tonnes de surcapacité et 6 millions de tonnes " non rentables ". De même avec la production d'acier inoxydable, pour laquelle on parle de la fermeture totale ou partielle des usines de Laudun dans le Gard et d'Isbergues (Pas-de-Calais), avec la perte de nombreux emplois.

Bien sûr, Arcelor ne sait strictement rien de ce que sera le marché de l'acier dans deux, cinq ou sept ans. Pour tenter d'atténuer l'impact de sa décision, le trust prend la pose d'une " entreprise citoyenne ", consciente de ses responsabilités, et parle de " redéploiement économique et social ". A Dunkerque, Usinor a supprimé des milliers d'emplois dans les années 1980, mais nombre d'ouvriers n'ont jamais retrouvé de travail et les jeunes n'ont pas pris leur place à l'usine, dont les effectifs ont diminué des deux tiers depuis les années 1970. Cela donne la mesure du bluff de ce fameux redéploiement. Arcelor dit en fait que d'autres entreprises devraient faire (avec l'argent des États ou des collectivités publiques) ce qu'une entreprise richissime comme Arcelor ne veut plus faire. On voit l'hypocrisie des justifications patronales. En fait, comme tous les patrons, le trust a décidé simplement de s'en prendre à la masse salariale pour assurer ses profits. Et il préfère supprimer massivement des emplois et ruiner des régions entières pour augmenter encore ses bénéfices. Bénéfices qui, certaines des dernières années, ont été considérables. En 2000, Usinor avait ainsi réalisé à lui seul 5 milliards de francs (760 millions d'euros) de profits.

Arcelor affirme encore privilégier les sites côtiers comme Dunkerque ou Fos. Au point de vue de la production, sans doute. Mais pas à celui de l'emploi. Tout d'abord, Arcelor est engagé dans une refonte de ses emplois tertiaires comme l'informatique, la recherche, les achats, qui va se traduire par des suppressions d'emplois à Dunkerque. Ensuite, la direction de Dunkerque menace, pour obtenir une augmentation de la production annuelle à 6,7 millions de tonnes d'acier, de faire jouer la mobilité interne entre les sites. " Produisez plus ou nous faisons venir d'autres à votre place ", voilà le langage patronal.

La politique globale des patrons d'une réduction des emplois, d'une pression accrue sur tous les travailleurs, impose une riposte globale des travailleurs du groupe à l'échelle européenne, pour l'obliger à revenir sur ses projets.

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