Belgique : La région liégeoise menacée30/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1800.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Belgique : La région liégeoise menacée

Dans la région liégeoise en Belgique, la fermeture des hauts fourneaux entraînerait la disparition de toute la phase " à chaud " (deux hauts fourneaux, la cokerie, l'aciérie, le laminoir) et la perte de 10 000 emplois directs et indirects, dans une région où le taux de chômage officiel atteint 22 %. C'est un second Renault-Vilvorde que les dirigeants d'Arcelor, qui ont racheté Cockerill-Sambre en 1998, envisagent froidement d'imposer.

Le coup est particulièrement rude pour les travailleurs et toute la population de la région liégeoise qui, depuis quatre ans, ont subi deux plans de restructuration qui ont déjà fait passer les effectifs de 10 000 à 6 000 et, il y a à peine trois mois, le terrible accident de la cokerie (explosion de gaz qui a fait 3 morts et 29 blessés graves). La direction d'Arcelor annonce un plan social et le maintien de la phase à froid, mais à Liège personne ne se fait d'illusions, c'est bien toute la sidérurgie liégeoise qui pourrait disparaître d'ici quelques années.

Les politiciens belges, tant de droite que de gauche, en pleine période électorale (on vote le 18 mai), ont proposé un front commun avec les dirigeants syndicaux de la FGTB (socialistes) et de la CSC (chrétiens). Mais ils font tout pour canaliser le moindre mouvement de protestation vers un combat purement juridique et n'ont à la bouche que le mot de " reconversion ". Reconversion à laquelle personne ne croit, dans une région déjà si durement touchée par le chômage et où les possibilités d'emploi se limitent à un petit aéroport (où la société TNT de colis express offre des emplois précaires et sous-payés de 23 heures à 5 heures du matin), le port intérieur de Liège et ... l'Université. Qui peut croire qu'on va reclasser des milliers de sidérurgistes vers ces trois sites ?

Le ministre wallon de l'Économie, lui, propose seulement de revendre au plus vite les 4,45 % que la Région Wallonne, actionnaire minoritaire du numéro un mondial de la sidérurgie, possède encore. Après moi, le déluge !

Arcelor justifie sa décision par la surcapacité à laquelle elle serait confrontée dans le domaine des aciers plats (qui servent notamment dans la construction automobile et l'électro-ménager). La direction d'Arcelor veut concentrer sa production vers les usines du littoral (la sidérurgie maritime) qu'elle estime plus rentables : Dunkerque et Fos-sur-Mer en France, Gand en Belgique et Aviles en Espagne.

L'émotion suscitée en Belgique est particulièrement grande, alors que les plans de licenciements se multiplient un peu partout, un an après la disparition de la Sabena (17 000 emplois). Les travailleurs ont en face d'eux, non seulement la direction d'Arcelor (les collègues de l'ancien PDG Francis Mer, devenu ministre de l'Economie en France !), mais aussi toute une série de faux amis qui voudraient leur faire accepter la fermeture et les licenciements au nom d'une pseudo-reconversion. Nul doute qu'ils ne peuvent se fier ni aux politiciens de gauche, socialistes ou écologistes, ni à ceux de droite, mais pas bien davantage à des directions syndicales qui se sont montrées jusqu'à présent passives et résignées face aux coups durs et ne leur ont offert aucune perspective ni plan de lutte.

Les travailleurs de la sidérurgie liégeoise ont pourtant un gros atout entre les mains. Leur nombre. A 10 000, ils peuvent s'adresser à toute la population ouvrière de la région, mais aussi aux sidérurgistes de la région de Charleroi et de Gand, et pourquoi pas aux travailleurs du groupe Arcelor de France et d'Allemagne. Aujourd'hui où on leur parle tant d'Europe, celle des travailleurs et de leur contre-offensive pourrait bien s'imposer.

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