La grève du 28 janvier, appelée par la plupart des syndicats de l'Education nationale, a connu un réel succès. Il faut dire que les problèmes sont nombreux et qu'une réelle dégradation des conditions de travail est dénoncée de plus en plus par les personnels et les parents d'élèves : vétusté des locaux, insuffisance de l'encadrement adulte, sureffectifs, sans parler des problèmes de violence spécifiques à certains établissements difficiles comme le lycée Romain-Rolland de Goussainville ou le lycée de la Tournelle à la Garenne-Colombes, où les moyens humains et matériels sont largement en dessous des besoins.

La grève a donc été largement suivie. Il faut dire que les personnels de l'Education nationale avait des raisons plus précises d'être en grève. Les effets d'annonce du ministre Luc Ferry s'apparentent à des tours de passe-passe.

Qui plus est, les déclarations simultanées de Xavier Darcos, ministre délégué à l'Enseignement scolaire, et de Luc Ferry ont été ressenties comme de véritables provocations. Le premier s'est fendu d'une véritable agression à l'égard des profs : " Être enseignant, c'est accepter d'affronter les élèves tels qu'ils sont, ou alors il faut changer de métier ". Quant au second, il cherche à dresser l'opinion contre les grévistes : " A force de demander des moyens, des moyens, des moyens, on finit par retourner l'opinion contre nous ".

Ces propos insultants, proférés par des ministres arrogants et haineux, ont fait beaucoup réagir durant la manifestation. La grève ne doit être qu'une étape dans une mobilisation qui grandit et qui doit encore s'approfondir. Dans certaines académies comme dans le district de La Courneuve et d'Aubervilliers des assemblées communes se tiennent pour discuter collectivement des moyens pour renforcer et étendre le mouvement de grève. Dans de nombreux établissements dans tout le pays, des grèves reconductibles de surveillants et d'aides-éducateurs paralysent les " vie scolaire " obligeant parfois à des fermetures d'établissement. D'autres initiatives sont prévues ou se discutent en particulier une manifestation nationale le 6 février. Si Darcos et Ferry croient que le 28 janvier est un éteignoir et que les vacances feront tout oublier, ils se trompent lourdement.