- Accueil
- Lutte ouvrière n°1800
- Francis Mer : Un ministre qui a du métier
Leur société
Francis Mer : Un ministre qui a du métier
Alors que le numéro un mondial de l'acier, Arcelor, a annoncé le 24 janvier la première étape d'une nouvelle restructuration massive, l'annonce de ces milliers de licenciements n'a pas provoqué cette fois de déclarations indignées de ministres. Le ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, Francis Mer, ne s'est pas dit " révulsé " par ces licenciements, à la différence de ce qu'il avait théâtralement déclaré à propos de Metaleurop. Mais les travailleurs d'Arcelor, anciennement Usinor-Sacilor, n'ont pas oublié qu'il dirigea pendant des années ce groupe et qu'il fut responsable à ce titre de dizaines de milliers de licenciements.
Francis Mer commença sa carrière en 1970, à 31 ans, dans le groupe Saint-Gobain - Pont-à-Mousson. Il devint directeur général de Saint-Gobain Industries de 1974 à 1978, puis en juillet 1982, président-directeur général de Pont-à-Mousson SA. En 1986 l'État, seul actionnaire depuis 1981 des deux entreprises Usinor et Sacilor, décida de les fusionner et confia à Francis Mer la présidence de ce nouveau groupe sidérurgique. Cette fusion entraîna une nouvelle restructuration. Françis Mer licencia alors pour, disait-il, " sauver " l'entreprise, plus de 20 000 ouvriers. Puis, au début des années 1990, il fut encore responsable de près de 8 000 suppressions d'emplois. L'entreprise, nationalisée (mais ses anciens actionnaires avaient été copieusement indemnisés) alors qu'elle était dans le rouge, et dont l'État avait épongé toutes les dettes, fut reprivatisée en juillet 1995, une fois remise à flot. Francis Mer fut alors nommé PDG en octobre 1995 par le nouveau conseil d'administration d'Usinor-Sacilor. Il continua à ce titre à organiser les restructurations successives, avec des milliers de suppressions de postes à la clé : 3 000 à Usinor début 2001, 300 à Usinor Packaging en Loire-Atlantique et en Moselle, entre autres. A ces suppressions de postes s'ajoutèrent d'autres sacrifices imposés à l'ensemble des salariés qui avaient conservé leur place : le temps " choisi ", en fait subi par près de 3000 personnes, vit les activités réduites d'un tiers, et des pertes de salaire de 10 à 20 %.
Après le mariage d'Usinor avec Arbed et Aceralia début 2002, Francis Mer poursuivit sa politique de " croissance économe en investissements " qui se traduisit par des fermetures d'usines et encore des suppressions de postes. " Cela n'aura rien à voir avec les grandes restructurations des années 1970 à 1980 ", avait-il déclaré dans un entretien au Monde. Sauf que cela s'ajoutait aux suppressions précédentes, qui laissaient des régions socialement sinistrées.
Voilà une belle carrière de patron licencieur et qui lui a valu ses galons de ministre !