L'archéologie préventive menacée30/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1800.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

L'archéologie préventive menacée

Une bonne part des quelque 90 archéologues de la Région Centre, qui s'étaient déjà mobilisés le 14 janvier lors de la venue de Raffarin au congrès du MEDEF à Tours, sont allés rejoindre la manifestation de leurs collègues de tout le pays à Paris, le 23 janvier.

C'est que les 1500 chercheurs de l'archéologie préventive, dont l'activité consiste à organiser des fouilles d'urgence pour tenter de sauvegarder le patrimoine archéologique qui serait inévitablement détruit lors d'opérations d'aménagement du territoire, se sentent menacés.

Il avait fallu plus de vingt ans pour qu'en 2001 les salariés de l'association qui assurait jusqu'alors les fouilles préventives obtiennent la création d'un établissement public, l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), établissement dont le financement repose sur une redevance versée par les aménageurs. Et voilà que moins de deux ans après sa création, tout le dispositif est remis en cause.

En novembre 2002, l'Assemblée avait voté un amendement réduisant de 50 % le taux de la redevance pour les opérations de fouilles. Un taux qui, comme le font remarquer les membres du collectif des archéologues de la Région Centre, n'équivaut pourtant qu'à un millième des capitaux brassés par le BTP en France ! En multipliant les actions, les archéologues ont obtenu un recul partiel, qui a abouti à ce qu'en décembre, la commission mixte Sénat -Assemblée adopte un nouvel amendement qui réduit tout de même le taux de 25 %.

Mais depuis le début de l'année 2003, le budget étant bloqué dans l'attente d'une réforme d'ensemble de la loi, le fonctionnement est revu mois par mois et l'activité réduite. Ce sont aussi cinq cent salariés en CDD (un tiers du personnel de terrain) qui sont menacés, et de nombreuses fouilles d'urgence sont évidemment remises en cause.

Les archéologues craignent que se prépare en fait une privatisation dont la prochaine étape serait la transformation de l'INRAP en EPIC (Etablissement public d'intérêt commercial), et la régionalisation de la structure qui entraînerait une mise en concurrence avec des entreprises privées de fouilles.

L'argent public est plus utile quand il finance les fouilles préventives que lorsqu'il tombe dans le gouffre sans fond des " fouilles " des patrons !

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