- Accueil
- Lutte ouvrière n°1800
- Les différents plans acier : Licenciements et cadeaux au patronat
Leur société
Les différents plans acier : Licenciements et cadeaux au patronat
Depuis le début de la crise dans les années 1970, les plans de licenciements se sont succédé dans la sidérurgie. Et à chaque fois, l'État a mis la main à la poche, distribuant des milliards aux patrons de ce secteur, sous forme de subventions, de prêts ou de dons, qu'ils ont empochés en continuant à licencier.
Dès les premiers signes de fléchissement des ventes d'acier en 1965, vinrent les premiers cadeaux : 3,2 milliards pour aider les patrons à " rationaliser " leur production. De 1965 à 1977, les barons de l'acier supprimèrent 25 000 emplois. Le secteur passa de 160 000 à 135 000 ouvriers, tandis que les patrons empochaient durant cette période 5 milliards de francs de prêts et 9 milliards de francs de dons, offerts par l'État pour, expliquait-on, sauver la sidérurgie, en fait pour maintenir les profits patronaux.
Fin 1978, les patrons de la sidérurgie annonçaient 22 000 suppressions d'emplois supplémentaires. Un nouveau " plan acier " fut mis en place, par lequel l'État s'engageait à éponger à hauteur de 37 milliards de francs les dettes des maîtres de forge, comme on appelait encore les gros actionnaires de ce secteur, parmi lesquels la famille De Wendel, dont le baron Seillières est un rejeton. Comme cela ne devait pas sembler suffisant, l'État leur fit un cadeau de 11 milliards de francs. La colère des ouvriers sidérurgistes, seuls sacrifiés sur l'autel des profits, explosa. Alors commencèrent des mois de luttes.
En 1981, le gouvernement socialiste de Mauroy ne consacrait que 700 millions de francs à la création de postes dans les services publics. Mais il faisait, dans le même temps, cadeau de 22 milliards de francs de dettes aux entreprises sidérurgiques. Usinor et Sacilor, nationalisés, l'État épongea le déficit sans que cela arrête l'hémorragie d'emplois. En 1983, fut encore lancé un nouveau plan acier. L'État donna 50 milliards de subventions aux patrons étalés sur cinq ans, alors que 25 000 postes étaient supprimés. Des villes et des régions entières furent dévastées par le chômage. Longwy comptait, en 1983, 24 000 sidérurgistes, il n'en restait plus au milieu des années 1990 que 500 !
Quand le groupe fusionné Usinor-Sacilor fut redevenu une entreprise " bien portante " sa privatisation fut décidée, en juillet 1995. Cela fut tout bénéfice pour les acheteurs et ne rapporta à l'État qu'un peu plus de 10 milliards de francs, une misère en regard des dizaines de milliards de cadeaux versés depuis des années.
Le secteur de la sidérurgie a perdu ainsi depuis la fin des années 1970 plus de 100 000 emplois. L'État déboursa, lui, plus de 100 milliards de francs, au travers des divers plans de " sauvetage ", des milliards qui auraient pu et dû servir à la collectivité, plutôt que d'aller remplir les coffres-forts, déjà bien pleins, des barons de l'acier.