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Leur société
À propos des déclarations du président du CRIF : Un odieux amalgame
Lors du traditionnel dîner annuel du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), son président, Roger Cukierman, s'en est pris à l'antisionisme des membres du courant antimondialisation et de celui représenté par José Bové, ainsi que dans des " partis révolutionnaires tels Lutte Ouvrière et la LCR ", pointant ainsi du doigt une prétendue " alliance brun-vert-rouge " accusée d'antisémitisme.
Cet amalgame entre antisionisme et antisémitisme est un chantage odieux. Au risque de déplaire à Cukierman et à bien d'autres qui, pour défendre la politique d'un Sharon aujourd'hui, d'un Barak ou d'un Begin hier, n'hésitent pas à calomnier tous ceux qui s'élèvent contre une multitudes d'actes, souvent sanglants, commis à l'encontre des Palestiniens, nous affirmons que la politique d'un Sharon - qui n'est que l'une des expressions du sionisme - est criminelle. En premier lieu vis-à-vis des Palestiniens bien sûr, mais aussi vis-à-vis des Juifs israéliens condamnés par un État spoliateur à vivre dans un environnement hostile, dans la crainte et l'angoisse permanentes.
En privant les Palestiniens de leurs terres, en détruisant leurs maisons, en leur interdisant tout déplacement et en réduisant fortement leurs activités économiques, au point que la faim s'installe maintenant à Gaza et en Cisjordanie, Sharon ne livre pas, contrairement à ce qu'il dit et ce que répètent après lui les Cukierman et consorts, une guerre au terrorisme. Tout au plus se sert-il des attentats criminels que subissent les civils israéliens (mais que sa politique entraîne), pour frapper encore plus fort le peuple palestinien, en lui imposant aujourd'hui un régime d'apartheid, dans l'espoir de pouvoir demain l'expulser des terres qu'il occupe encore.
Après des décennies d'une politique dans laquelle le sionisme s'est traduit par un nationalisme exacerbé, Israël est devenu un pays où les sentiments antiarabes sont fortement ancrés. Et tous ceux qui font profession de défendre la politique de l'actuel gouvernement israélien, y compris hors des frontières de cet État, sont atteints du même mal.
Ainsi, rapportait Le Monde du 23 avril 2002, le même Cukierman s'était félicité, auprès du quotidien israélien Haaretz, que la présence de Le Pen au second de l'élection présidentielle serait " un message aux musulmans leur indiquant de se tenir tranquilles ". De tels propos avaient évidemment suscité un vif émoi, plusieurs des proches de Cukierman étaient montés au créneau pour prendre sa défense et expliquer que telle ne devait pas être sa pensée. Cukierman lui-même avait dit que ses propos avaient été " déformés ", mais sans jamais avoir publié le moindre démenti dans la presse israélienne.