Les camps du “bien” et du “mal”19/06/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/06/une_2916-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Les camps du “bien” et du “mal”

Le Comité international olympique (CIO) a annoncé que les sportifs russes et biélorusses qualifiés aux Jeux Olympiques de Paris seront exclus de sa cérémonie d’ouverture, et que leurs médailles ne seront pas comptabilisées dans le classement des nations.

Les drapeaux des deux pays seront remplacés par un drapeau « athlète individuel neutre » vert et blanc. En cas de victoire, un hymne sans parole, écrit pour l’occasion, sera joué. Mais les spectateurs risquent de peu l’entendre, car le CIO a également décidé d’exclure ceux qu’il considère comme ayant soutenu la guerre en Ukraine. Résultat il reste une trentaine de sportifs russes ou biélorusses, alors qu’ils étaient 330 à Tokyo en 2020.

On se demande quel peut bien être le rapport entre les athlètes russes et la politique de Poutine, comme si Teddy Riner devait être tenu pour responsable de celle de Macron ! Ces exclusions montrent une fois de plus que les JO sont loin d’être le théâtre du seul sport. La prétendue neutralité cache mal le fait que les athlètes sont tenus, à leur corps défendant, de jouer le rôle d’agents du nationalisme ou des rivalités internationales, en plus de servir de panneaux publicitaires à Coca-Cola et à bien d’autres marques. Et gare à celui qui ne veut pas jouer le jeu ! Le coureur américain Tommie Smith s’est rendu célèbre pour avoir levé le poing sur le podium après sa victoire au 200 mètres des JO de Mexico en 1968, en protestation contre la politique américaine envers les Noirs. Il fut interdit de compétition et pourchassé par le FBI toute sa vie.

Le CIO ne s’embarrasse pas de finesse pour justifier ses exclusions. Il explique, sans rire, « s’opposer à toute utilisation abusive politique ou commerciale du sport et des athlètes ». Il fallait oser ! Et comme pour s’assurer la première marche au podium de l’hypocrisie, il a dénoncé le même jour l’organisation prochaine d’une compétition par la Russie, les « Jeux de l’amitié ». Il s’agirait en effet là d’une utilisation des athlètes « à des fins de propagande politique » !

Partager