Côte d’Ivoire : Bédié enterré, mais pas le poison de “l’ivoirité”19/06/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/06/une_2916-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte d’Ivoire : Bédié enterré, mais pas le poison de “l’ivoirité”

Dans leur journal Le pouvoir aux travailleurs du 8 juin, nos camarades de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes dénoncent le spectacle hypocrite auquel a donné lieu l’enterrement du chantre de la xénophobie que fut l’ancien président Henri Konan Bédié.

Dix mois après sa mort, l’ex-président Bédié a été enterré en grande pompe le 1er juin. Les Ouattara, Gbagbo et consorts sont venus rendre hommage à un des leurs, qu’ils ont qualifié d’« homme de paix ». En réalité, il faisait partie de leur monde de rapaces et de prédateurs, capables des pires bassesses pour se hisser au pouvoir et pour s’y maintenir.

Il n’est pas si loin le temps où Bédié avait lancé la politique de « l’ivoirité » pour écarter Ouattara, un de ses principaux concurrents, de la course présidentielle. C’était une propagande xénophobe et ethniste destinée à discréditer sa candidature sous prétexte qu’il était « de nationalité douteuse », du fait qu’il aurait une origine burkinabé. Finalement, ce sont tous les Burkinabé, vivant parfois de longue date en Côte d’Ivoire, en particulier les plus pauvres, qui furent visés, de même que des Maliens et plus généralement des gens du nord du pays.

Cette propagande xénophobe fut largement relayée par les médias entre les mains de l’État et du parti de Bédié. Les forces de l’ordre ainsi que les loubards partisans de Bédié firent de nombreuses victimes qui avaient eu le malheur d’être désignées comme « étrangers ».

Par la suite, Gbagbo et son clan ont repris à leur tour ce poison xénophobe et ethniste, pour les mêmes raisons que Bédié. Les exactions des corps habillés, le racket policier et les actes de torture se sont multipliés à l’encontre des pauvres, et surtout contre ceux qui parmi eux ont été ciblés comme appartenant à une « ethnie adverse ». Leurs habitats furent parfois détruits par les partisans de Gbagbo, parmi lesquels figuraient des étudiants appartenant à la Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire).

La crise politique de 2000 à 2010, qui a fait des milliers de morts, est le résultat de la lutte pour le pouvoir entre ces différentes factions de la bourgeoisie, aggravée par les propagandes haineuses distillées par les uns et par les autres.

Alors, quand tous ces gens font des louanges sur la dépouille de Bédié, il faut comprendre qu’ils ont surtout en vue les élections présidentielles de 2025. Ce n’est pas à Bédié qu’ils s’adressent mais aux partisans de ce dernier, afin d’obtenir leurs votes à la prochaine élection. Tout en parlant de « paix », ils sont prêts à ressortir les machettes dans leur lutte pour le pouvoir et pour les privilèges.

Pendant ce temps, les travailleurs comme l’écrasante majorité de la population s’enfoncent dans la pauvreté, tandis que la minorité de riches qui détient les capitaux s’enrichit avec l’aide de l’État, quel que soit le clan au pouvoir.

Aux conditions de travail qui s’aggravent pour la classe ouvrière, s’ajoutent les bas salaires, le chômage et l’augmentation du coût de la vie. Même quand on trouve du travail, on est condamné au statut de journalier et à errer d’une entreprise à une autre pour ne pas crever de faim.

Le gouvernement continue de chasser les populations pauvres de leurs habitats pour permettre aux riches d’accaparer les terrains libérés. C’est le cas en ce moment du quartier Abattoir, occupé depuis plusieurs décennies par les travailleurs du port et ceux de la zone industrielle de Vridi. Ils ont été chassés comme des animaux, sous prétexte que ce quartier était « insalubre ». Si la lutte contre l’insalubrité et pour le bien être des populations était une préoccupation des dirigeants de ce pays, on l’aurait vu depuis très longtemps !

Ces gens-là sont prêts à faire la guerre pour diriger l’État, car ce qui les motive avant tout c’est leur enrichissement personnel. Ils ne changeront jamais les choses en faveur des classes pauvres, car ils vivent précisément de l’exploitation des travailleurs des villes et des campagnes.

Seuls les travailleurs, c’est-à-dire ceux qui produisent les richesses et qui font fonctionner la société, peuvent mettre fin à cette situation en s’organisant pour défendre leurs intérêts de classe exploitée. C’est un combat à mort qu’ils auront à mener pour se libérer de l’exploitation capitaliste, mais aussi pour libérer la société tout entière de la domination de la classe parasitaire bourgeoise.

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