Médicaments : les profits aux dépens des malades12/06/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/06/une_2915-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Médicaments : les profits aux dépens des malades

Pendant la grève des pharmacies le 30 mai, le problème de la pénurie des médicaments a encore une fois été soulevé. Elle s’aggrave au fil des ans et devient un véritable problème de santé publique.

Des milliers de malades sont victimes de ces pénuries, faute de trouver des médicaments comme les antibiotiques, notamment l’Amoxicilline, un des plus consommés dans de très nombreuses infections. Mais des malades atteints de maladies chroniques comme le diabète ont aussi bien du mal à se procurer leur insuline ou leurs autres médicaments antidiabétiques. Entre 2021 et 2023, les pénuries ont doublé dans le pays, près de 5 000 ruptures de stock ont été listées par les autorités de santé, douze fois plus qu’en 2016.

Le gouvernement, Macron en tête, a fait mine de prendre ce problème à bras le corps : constitution de stocks, sanctions financières contre les laboratoires en cas de non-respect de ces stocks, ou encore aides aux industriels pour les inciter à construire des usines en France pour la « réindustrialiser ». Macron s’était félicité de l’annonce par Novonordisk de sa nouvelle implantation à Chartres, où le trust annonçait 2 milliards d’investissement. Mais cela reste bien loin de résoudre le problème. Ce n’est pas Macron qui va agir sur les choix des industriels qui contrôlent la production et la distribution de leurs médicaments et choisissent de produire où ils veulent, de vendre à qui ils veulent et là où ils feront les meilleurs profits.

Un exemple de cette impuissance est la décision du laboratoire Servier de vendre sa filiale Biogaran, leader des génériques en France avec 32 % du marché. Servier en profite pour faire un chantage, en annonçant qu’il pourrait vendre à des génériqueurs indiens, qui délocaliseraient la production hors de France… à moins que l’État ne lui accorde des hausses substantielles des prix des génériques.

Dans ce jeu de dupes, la palme revient peut-être au Leem, l’organisation des patrons des laboratoires pharmaceutiques, qui a lancé un plan sur trois ans pour inciter les malades à limiter leur consommation de médicaments. Il agirait ainsi à la demande de l’État, qui veut réduire les dépenses de santé. On peut maintenant lire dans la presse sa publicité proclamant « réduisons le volume » !

Réduction de l’offre en médicaments, augmentation de leurs prix, subventions largement distribuées pour les laboratoires : État et trusts pharmaceutiques sont main dans la main pour que les pilules en or que sont les médicaments continuent à faire du secteur l’un des plus rentables pour les entreprises capitalistes.

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