Retraites : promesses, promesses...19/06/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/06/P4-2_2019_12_12_Manif_Retraites_Paris_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C492_crop_detail.jpg

Élections législatives

Retraites : promesses, promesses...

En rivalité pour obtenir les voix des travailleurs et des classes populaires, le RN et le Nouveau Front populaire promettent chacun de revenir sur le report à 64 ans du départ en retraite, imposé à coups de trique par Macron en 2023 et que les travailleurs n’ont toujours pas digéré.

Illustration - promesses, promesses...

Dans le programme concocté entre les partis qui constituent le Nouveau Front populaire (NFP), l’engagement semble clair : « Abrogation immédiate de la réforme des retraites pour la ramener de 64 ans à 62 ans ». Le programme évoque ensuite de façon beaucoup plus vague « un retour progressif à la retraite à 60 ans ». Mais comment croire une telle promesse de ces partis de gauche qui ne sont pas revenus, quand ils étaient au pouvoir entre 2012 et 2017, sur la réforme Sarkozy-Fillon qui reportait le départ en retraite de 60 à 62 ans ? Pire, François Hollande, aujourd’hui candidat pour le NFP, a porté à 43 ans le nombre d’annuités nécessaires pour toucher une pension sans décote. C’était la réforme Hollande-Touraine en 2014.

Du côté du RN, il faut s’accrocher pour comprendre la position du parti d’extrême droite sur les retraites. Conscient que son électorat populaire est très remonté contre la réforme de Macron qui a volé deux ans de retraite à tous les salariés, Bardella a fait la campagne des européennes en promettant d’abroger cette loi pour revenir au départ à 62 ans. Tout en se démarquant explicitement des manifestations de l’année 2023, le RN avait qualifié cette réforme d’« injuste ». Depuis plusieurs années, Le Pen ou Bardella s’affirment même pour la retraite à 60 ans. Mais quand ils sont poussés dans leurs retranchements par certains journalistes, ils limitent ce départ à 60 ans aux travailleurs qui ont commencé à travailler tôt, ceux qui ont eu une « longue carrière ».

Depuis le 9 juin et la dissolution, l’arrivée au pouvoir du RN se précisant, Bardella s’est mis à bégayer sur sa position. Le 11 juin sur RMC, il déclarait : « Nous verrons… la conjoncture économique ne nous le permettra pas ». Quelques jours plus tard, il déclarait au journal Le Parisien que cette mesure ne pourrait venir que « dans un second temps », en évoquant 2026. Son allié Éric Cioti étant, en homme de droite, favorable à la retraite à 65 ans et ayant déclaré « il n’est pas dit que la réforme des retraites soit abrogée », Bardella l’a remis à sa place en précisant que c’est le RN qui fixerait le programme du futur gouvernement, et non les transfuges de LR. Puis, tous ces rétropédalages risquant de faire fuir les électeurs populaires, Bardella a réaffirmé le 17 juin sur plusieurs plateaux que la réforme des retraites de Macron serait abrogée « à l’automne ».

Les promesses n’engagent que les naïfs qui y croient, et c’est encore plus vrai quand elles sont faites par des politiciens aussi démagogues que menteurs. La seule façon d’obtenir l’abrogation de cette loi inique, quel que soit le futur Premier ministre, sera que les travailleurs se mobilisent collectivement pour l’obliger à passer aux actes.

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