Ukraine : guerre, reconstruction et profits12/06/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/06/une_2915-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine : guerre, reconstruction et profits

Mardi 11 juin s’ouvrait à Berlin une conférence sur la reconstruction de l’Ukraine. Ce n’est ni la première ni la dernière, tant les besoins augmentent au fil des mois d’un conflit guerrier dont on ne voit pas l’issue.

Ce sont les soutiens occidentaux de Kiev qui, en poussant leurs pions en Europe de l’Est depuis trente ans, ont acculé la Russie à réagir en envahissant l’Ukraine et qui, depuis, arment et financent ce régime dont ils ont fait leur champion dans la région.

Quelques jours après Berlin, 90 pays et organismes divers participeront, en Suisse, à une conférence dite sur la paix en Ukraine, sans la Russie ni la Chine.

Ainsi va cette guerre, de soldats s’entretuant dans les tranchées en civils tués par des bombes de part et d’autre, d’escalade militaire en lignes rouges que les gouvernants disaient se refuser à franchir, mais qu’ils franchissent les unes après les autres. C’est le cas quand ils livrent maintenant des avions à Kiev pour frapper le territoire russe, ou quand Macron déclare vouloir envoyer des militaires en Ukraine. Tout en répétant que leur pays n’est pas en guerre contre la Russie, les dirigeants occidentaux font de nouveaux pas en ce sens, au risque d’enclencher une réaction incontrôlable.

En même temps que l’Occident amasse de quoi mettre à feu et à sang bien plus que ce seul morceau d’Europe, ses dirigeants semblent ne plus trop savoir comment se dépêtrer de cette guerre. Il est clair que Poutine ne peut pas se permettre de la perdre. Mais si les puissances impérialistes ne peuvent laisser leur allié ukrainien se faire écraser par Moscou, elles ne veulent pas non plus d’une défaite du Kremlin, qui provoquerait un chaos gigantesque en ex-Union soviétique dont elles ne sauraient venir à bout.

Alors, les camps opposés s’accommodent de cette contradiction explosive, tout en cherchant à en tirer le maximum d’avantages. Le régime russe y trouve matière à serrer la vis à sa population en l’obligeant à le suivre. Et cela offre des possibilités d’enrichissement inouïes aux nantis, oligarques et généraux corrompus du régime ukrainien, qui peuvent piller non seulement les ressources du pays, mais une part des fonds occidentaux. Certes, leurs fournisseurs se fâchent parfois, mais ils savent aussi faire preuve de compréhension, car la majeure partie de la prétendue aide à l’Ukraine revient en définitive aux capitalistes occidentaux.

Plus la guerre dure, plus les grandes firmes américaines et européennes d’armement font d’affaires en fournissant l’Ukraine, mais aussi en renouvelant à un rythme accéléré ce que les armées françaises, allemandes ou américaines cèdent à Kiev. Car, derrière les phrases de propagande sur la liberté des peuples, il y a la réalité du marché et du profit. C’est en leur nom que les Biden, Macron, Scholz et leurs ministres négocient en coulisses, chacun pour le compte de ses propres capitalistes, ce qu’il pourra obtenir de Kiev en contrepartie de son « aide ».

Sur quels contrats Macron lorgnait-il quand il a juré à Zelensky le 7 juin qu’il soutiendrait le « lancement effectif » des négociations d’adhésion de Kiev à l’Union européenne « d’ici la fin du mois » ? La chose était encore plus claire le 11 juin, lorsque Zelensky a annoncé, à Berlin, qu’il discuterait avec Scholz « de la poursuite de l’aide à la défense, de l’extension du système de défense aérienne de l’Ukraine et de la production conjointe d’armes ».

Ladite reconstruction de l’Ukraine aiguise des appétits de plus en plus nombreux. La guerre a ravagé tant d’infrastructures en deux ans et demi qu’on estime les besoins en ce domaine à 500 milliards d’euros. Et ce montant ne peut que croître avec la poursuite du conflit. Les géants français du BTP et de l’énergie sont, dit-on, bien placés pour emporter de grosses parts de ces marchés, dans le secteur de l’électricité notamment, qui a perdu la moitié de ses capacités de production en quelques mois. Et quand l’Élysée débloque 250 millions pour « aider à reconstruire l’Ukraine », il veut dire aider les Bouygues, Total, Engie et autres à rafler des contrats, les sociétés de l’agro-business à s’emparer de plus de terres, les banques à mettre la main sur de nouveaux secteurs de l’économie ukrainienne.

C’est aussi pour cela que l’Europe verse depuis deux ans les salaires des fonctionnaires ukrainiens, sans quoi le régime ferait faillite et il n’y aurait plus personne pour signer les contrats. Et comment pourrait-il alors continuer à obliger la population à crever au front, ou bien à l’arrière sous les dettes contractées par ses dirigeants, ses bourgeois et ses bureaucrates, pour le plus grand profit des géants du monde capitaliste ?

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