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Editorial
Noyés par des dirigeants assassins
C’est aux cris « d’assassins » et sous des jets de boue que le roi d’Espagne, le chef du gouvernement et le président de région ont été accueillis par les sinistrés de Valence. Et pour cause !
Mardi dernier, les habitants de la région ont vu leur vie basculer sous des pluies torrentielles et meurtrières. Ce dimanche, l’écrasante majorité des sinistrés restaient livrés à eux-mêmes, ne pouvant compter que sur l’élan de solidarité de la population venue les aider. Alors, oui, ils ont dit leurs quatre vérités à ceux qui se prétendent des dirigeants, et ils ont eu bien raison !
Cette tragédie n’est pas « la faute à pas de chance ». De nombreux morts auraient pu être évités si l’alerte rouge avait été déclenchée de façon préventive. Alors que l’agence météo avait averti du danger dès le matin à 8h, les autorités de la province n’ont alerté qu’à 20h, alors que les rues s’étaient déjà transformées en torrents.
Pourquoi ? Parce que l’alerte rouge aurait conduit à fermer les établissements publics et les entreprises et à renvoyer les salariés chez eux. Autrement dit, c’était un jour gâché pour le commerce et les affaires.
Il y a un an, la présidente de la Région de Madrid avait été très critiquée pour avoir déclenché l’alerte rouge alors que les précipitations avaient finalement épargné la capitale. Les milieux patronaux l’avaient accusée d’avoir péché par excès de prudence. Eh bien, mardi dernier, les salariés ont travaillé toute la journée, et des dizaines d’entre eux sont morts noyés en voulant rentrer chez eux !
La même course au profit engendre le même aveuglement vis-à-vis du réchauffement climatique, principale cause du problème. Cela fait 30 ans que les climatologues alertent sur le chaos climatique engendré par le réchauffement de la planète. 30 ans que les chefs d’État négocient, tels des marchands de tapis, leurs engagements pour réduire les gaz à effet de serre. Et 30 ans qu’ils piétinent leurs promesses.
Aujourd’hui, le chaos climatique est là. Il a frappé Valence en Espagne, et, comme on l’a vu en Ardèche et dans le Pas-de-Calais, il ne nous épargne pas. Le pire est à venir parce que les dirigeants actuels de la société, la bourgeoisie qui domine toute l’économie, sont incapables de faire le nécessaire pour freiner le changement climatique.
Les capitalistes considèrent la moindre norme ou contrainte écologique comme une entrave à la rentabilité et à la compétitivité, comme un handicap insupportable dans la concurrence internationale. Et ils obtiennent gain de cause. Aujourd'hui, les trusts de l’agrobusiness continuent la déforestation, et Total, Shell et Cie vont faire des forages de pétrole dans les eaux libérées de la banquise. À côté de ça, les gouvernants nous culpabilisent et nous font la leçon sur notre façon de consommer ou de nous déplacer !
Les serviteurs et les profiteurs du capitalisme nous mènent au précipice parce que leur système n’a qu’un seul but : l’accumulation de capital au travers de l’exploitation forcenée des hommes et de la nature. Tout le reste passe après : la vie des hommes, comme l’avenir de la planète.
Ce sont les lois du profit, du marché et de la concurrence qui décident ce qui sera produit, où et comment. Les produits de luxe comptent autant que la production de nourriture, les ventes d’armes autant que les médicaments. Des marchandises similaires peuvent faire des milliers de kilomètres et se croiser sur les routes. C’est un gaspillage inouï d’énergie, de ressources et de travail humain.
Au lieu de cela, il faudrait planifier et rationaliser la production et l’échange en fonction des besoins de l’humanité toute entière. Ce n’est pas utopique car les moyens existent pour cela. Ils existent même à l’échelle planétaire.
Ces outils de production et de planification planétaire sont aujourd'hui contrôlés par les actionnaires des multinationales comme TotalEnergies, BNP Paribas, Volkswagen, Nestlé, Arcelor, Amazon, Google, CMA CGM le géant des mers, les compagnies de satellites... Entre les mains des travailleurs, gérés démocratiquement et collectivement, ils seraient de formidables moyens pour résoudre les problèmes qui se posent à l’humanité, la crise climatique mais aussi le sous-développement et les monstrueuses inégalités.
La perspective d’une organisation communiste de la société est l’unique espoir de mettre les moyens existants au service de l’humanité et de la préservation de la planète.
Le capitalisme n’est pas une fatalité ni une donnée naturelle. Il a été construit et il est défendu par une classe sociale, la grande bourgeoisie, qui en profite. Le monde du travail a toutes les raisons de vouloir sa disparition. Aussi lointaine qu’elle puisse paraître, la révolution communiste reste d’une urgence absolue.