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- Lutte ouvrière n°2937
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Dans le monde
États-Unis
le piège de l’alternance
Extrait de l’éditorial du journal trotskyste The Spark du 11 novembre.
Le 6 novembre, le monde s’est réveillé pour découvrir que Donald Trump avait été élu pour être le prochain président des États-Unis, à partir du 20 janvier.
Beaucoup se sont déclarés choqués et horrifiés. Comment un violeur condamné, un criminel et un président deux fois mis en accusation a-t-il pu être réélu ? La réponse se trouve peut-être dans la nature même de la politique capitaliste.
Tout d’abord, Trump n’a pas gagné grâce à une nouvelle vague d’électeurs. Il a fini par obtenir presque exactement ce qu’il avait obtenu il y a quatre ans. La différence, c’est que Kamala Harris a eu beaucoup moins de voix que Biden il y a quatre ans, État par État. D’anciens électeurs de Biden n’ont pas voté pour Harris, ou n’ont pas voté du tout.
Alors, pourquoi ? Pour répondre à cette question, il faut se pencher sur tous les problèmes auxquels les travailleurs ont été confrontés au cours des quatre dernières années. L’inflation accélérée a fait exploser les prix des produits alimentaires, du carburant et du logement, après des décennies de dégradation du niveau de vie. S’y ajoutent l’effondrement des infrastructures et la dégradation du système de santé. Récemment, si l’inflation a baissé, les prix, eux, n’ont pas bougé. Les salaires n’ont pas augmenté au même rythme. Cette détérioration du niveau de vie a été pratiquement ignorée par la campagne de Harris, qui s’est vantée de hausses de salaires et d’une économie qui serait en meilleur état qu’il y a quatre ans.
En outre, la politique étrangère de Biden au cours des quatre dernières années a engendré des désastres en matière de droits humains, et la menace d’une guerre toujours plus étendue. Au cours de l’année écoulée, Israël a perpétré un massacre à Gaza qui a entraîné la mort de plus de 43 000 civils et la destruction complète de ses infrastructures : logements, rues, ponts, entreprises et équipements publics, forçant les habitants à évacuer vers des zones détruites les unes après les autres. Aujourd’hui, la guerre s’étend avec l’invasion du Liban par Israël à qui, pendant ce temps, les États-Unis continuent d’envoyer des armes et d’autres aides tout en prétendant s’opposer à ses « excès. »
La campagne de Harris a tenté de jouer sur les deux tableaux, en vantant son soutien à Israël et en exprimant sa « tristesse » face aux pertes humaines à Gaza, tout en promettant un avenir meilleur. Faut-il s’étonner que les électeurs n’aient vu aucune raison de croire à un changement de politique ? Et il y a la guerre en Ukraine, dirigée par l’impérialisme américain. Et combien d’autres encore ?
Les électeurs de Trump ont voté comme ils l’avaient fait dans le passé, mais les votes pour Harris ont considérablement diminué par rapport à ceux de Biden il y a quatre ans. Les électeurs des démocrates d’il y a quatre ans n’ont pas ressenti la même obligation de voter pour eux cette fois-ci.
Bien sûr, il y a des électeurs qui acceptent les attaques réactionnaires de Trump contre les femmes, les minorités et les immigrés. Il y a ceux qui ne peuvent accepter qu’une femme soit élue présidente. Mais beaucoup plus n’ont pas voté pour Harris parce qu’ils en avaient assez.
Qu’on le veuille ou non, Trump a été perçu comme le candidat du « changement » dans un système qui ne présente toujours que deux candidats, démocrate et républicain, sans qu’aucun représentant de la classe ouvrière ne soit en vue ou présent. Comme d’habitude, ceux qui voulaient un changement, n’ayant que le choix du « moindre des deux maux », ont voté pour que le parti au pouvoir soit écarté.
Trump n’a pas de réponse aux problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs. Il est le représentant de la classe des milliardaires, tout comme l’ont été les démocrates. Au cours des quatre prochaines années, il servira aux travailleurs le même ragoût amer que celui que les administrations précédentes leur ont fait avaler. La seule issue pour les travailleurs est de se battre sans relâche pour empêcher la classe des milliardaires de nuire, et de construire leur propre parti pour défendre leurs intérêts face aux attaques de la classe dirigeante et de ses gouvernements.