Grande-Bretagne : loi Rwanda, loi de scélérats24/04/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/04/une_2908-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

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loi Rwanda, loi de scélérats

Dans la nuit du 22 au 23 avril, le Parlement britannique a adopté une loi autorisant la déportation vers le Rwanda des migrants entrés illégalement en Grande-Bretagne. Les premiers avions pourraient décoller en juillet.

Cela faisait des mois que Sunak, le Premier ministre conservateur, essayait de faire passer son projet, censé décourager les traversées de la Manche en bateau pneumatique, et surtout conçu pour aider son parti à limiter la casse lors des élections législatives prévues à l’automne.

Malgré la signature d’un accord de « sous- traitance », des demandeurs d’asile entre Londres et Kigali dès avril 2022, l’adoption de la loi a tardé. Car, même aux yeux des juges de la Cour suprême et d’une partie de la Chambre des lords, elle mettait en danger de manière vraiment trop évidente la vie des futurs expulsés. Le régime rwandais de Paul Kagamé est en effet connu pour son caractère autoritaire voire sanguinaire. Le Royaume-Uni a lui-même récemment accordé l’asile politique à quatre réfugiés rwandais, ce qui suffit à disqualifier ceux qui prétendent que le Rwanda est un pays sûr .

Mais les avertissements des ONG, de la Cour européenne des droits de l’homme et des experts de l’ONU n’auront pas suffi à faire reculer Sunak, déterminé pour des raisons politiciennes à faire passer ce texte. Il s’agit de déporter au Rwanda, à plus de 6 000 kilomètres des côtes anglaises, tout immigré entré illégalement en Grande-Bretagne, et pas seulement des Rwandais ou d’autres Africains. Sur place ils auraient le droit de faire une demande d’asile en Grande-Bretagne… au risque de se faire expulser vers leur pays d’origine en cas de rejet, ce qui pour bien des Afghans ou des Soudanais peut signifier la mort. Quant aux déboutés du droit d’asile qui resteraient au Rwanda, on n’ose pas imaginer leur sort, aussi peu enviable que celui de tous les migrants du monde coincés dans des centres de rétention.

L’obstination de Sunak à faire passer cette loi n’est pas pour surprendre, de la part d’un gouvernement dont le soutien au massacre en cours à Gaza ne s’est jamais démenti. Sunak sait très bien que cette loi ne va pas « stopper les bateaux », slogan qu’il répète en boucle pour complaire à la droite de son parti et aux électeurs les plus réactionnaires.

Mais, incapable de répondre aux difficultés les plus élémentaires de la population, à commencer par la hausse des prix et la dégradation du système de santé, il joue avec cynisme la carte de la xénophobie.

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