Guadeloupe : la grève d’EDF PEI30/10/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/10/P16-1_Les_gr%C3%A9vistes_dEDF_PEI_%C3%A0_Jarry_en_2023_C_CO.jpg.420x236_q85_box-77%2C0%2C722%2C363_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Guadeloupe

la grève d’EDF PEI

Les travailleurs de la centrale d’EDF PEI (production d’énergie insulaire), en grève depuis le 15 septembre en Guadeloupe, sont toujours déterminés.

Illustration - la grève d’EDF PEI

Depuis le début de la grève, la direction a multiplié les provocations. Jeudi 24 octobre, la directrice d’EDF PEI a remis à l’un des grévistes une lettre de convocation à un entretien pour sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Celui-ci, malgré la grève, occupait son poste d’agent de maîtrise pour limiter les coupures pénalisant la population. Vendredi matin 25 octobre ses collègues, très en colère après cette énième attaque contre la grève toujours en cours, ont tous quitté leur poste, mettant ainsi tous les moteurs à l’arrêt. Cette coupure couplée à l’arrêt des moteurs de la centrale Albioma bagasse-charbon du Moule, où les salariés étaient aussi en grève, a provoqué un « black-out » total et général sur toute la Guadeloupe. L’électricité a été coupée sur toute l’île pendant plus de 12 heures.

En février 2023, après 61 jours de grève, les salariés étaient parvenus à pérenniser l’emploi de 27 intérimaires dont certains avaient plus de cinq ans d’ancienneté, l’égalité de salaires avec les titulaires et le rattrapage de cinq ans d’arriérés de salaires et primes. EDF PEI était contraint de reverser 4 millions d’euros de salaires qui avaient été volés aux travailleurs. Le protocole d’accord prévoyait aussi la reconstitution de carrière de nombreux travailleurs, l’application de l’accord sur les congés payés, le versement d’une prime thermique payée aux salariés d’EDF PEI en Corse mais pas aux Antilles… Mais pour la direction d’EDF, céder sur ces points était déjà beaucoup trop, elle a décidé d’appliquer l’accord à sa sauce.

Ainsi, les détails des rappels de salaires versés n’apparaissent pas clairement sur la fiche de paie, de sorte qu’ils ne pourront pas être pris en compte dans le calcul de la retraite. Après deux semaines de négociations avec le directeur adjoint de PEI, un accord était sur le point d’aboutir. L’un des derniers points qui restent à faire respecter pour les travailleurs était les congés payés, comptabilisés en heures par EDF ce qui a pour conséquence une diminution des droits à congés. Pour EDF, c’est une économie de 1,2 million d’euros sur le dos des agents !

Dès les premières heures de la coupure géante, le préfet a réquisitionné les non-grévistes pour rétablir le courant. Depuis dimanche 27 octobre, l’ensemble de l’île a de nouveau de l’électricité, mais les travailleurs poursuivent leur mouvement. Un concert de protestations est évidemment venu du grand patronat local mais aussi des petits commerçants de Pointe-à-Pitre car dans la nuit du black- out, c’est-à-dire celle de vendredi 25 à samedi 26 octobre, des bandes de jeunes des quartiers sont venus piller des magasins. Profitant de l’obscurité, ils ont défoncé la grille d’un magasin à coups de pelle mécanique, malgré le couvre-feu imposé par la préfecture. Ils ont aussi volé et saccagé des écoles à Baie-Mahault. Bien sûr, il y a eu des cas dramatiques de malades à domicile privés d’électricité et emmenés aux urgences.

Tout cela a été mis par les commerçants et une bonne partie de la population au passif des grévistes. Le milieu petit-bourgeois bien-pensant s’est répandu en propos hostiles et en pétitions. Le député Serva a traité les grévistes de terroristes, de même que les présidents des Conseils départemental et régional parlant d’un geste criminel de leur part. En revanche, ils n’ont eu aucun propos hostile contre la direction d’EDF, comme si elle ne portait aucune responsabilité dans l’affaire. Celle d’EDF PEI, jouant sur les nerfs des grévistes, est aussi responsable de leur « coup de sang ». De plus, quand EDF réalise 10 milliards de profits en 2023 et EDF PEI (Corse, Guadeloupe, Martinique, Réunion) 95 millions d’euros la même année, ses actionnaires n’ont pas à se plaindre. Et ce sont surtout les travailleurs de la production PEI qui triment, en effectuant les 3x8 pendant toute leur vie, arrivant complètement usés à la retraite.

Fort heureusement, bien des travailleurs, même minoritaires, comprennent et approuvent l’action de leurs camarades.

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