Iran-Israël : des provocations au risque d’escalade24/04/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/04/une_2908-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Iran-Israël

des provocations au risque d’escalade

L’armée israélienne a lancé le 19 avril des missiles contre une base aérienne près d’Ispahan en Iran. C’était sa réponse à l’envoi de quelque 300 drones et roquettes iraniens, détruits par le « dôme de fer » israélien, eux-mêmes envoyés en représailles après la destruction du consulat iranien en Syrie.

Depuis la provocation israélienne qu’a constitué l’assassinat, le 1er avril à Damas, de onze ressortissants iraniens dont plusieurs hauts gradés des pasdarans, l’Iran et Israël jouent une partie de poker menteur qui menace de se transformer à tout moment en une guerre ouverte entre les deux pays et de provoquer l’embrasement du Moyen-Orient.

La responsabilité immédiate incombe à Netanyahou, ses ministres et ses généraux, qui ont délibérément provoqué l’Iran le 1er avril en visant son consulat. Ils savaient que l’Iran, qu’ils accusent de soutenir le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban, les Houthis au Yémen, serait contraint de répliquer à la provocation, alors même que, depuis l’invasion israélienne à Gaza, les dirigeants iraniens font preuve d’une grande retenue. Même l’envoi spectaculaire de 300 engins iraniens contre Israël, précédé par des avertissements envoyés par divers canaux diplomatiques, avait été calibré pour minimiser les dégâts.

Mais cette attaque, enrayée par la défense israélienne et ses alliés, y compris la Jordanie, a fourni l’occasion aux dirigeants occidentaux, américains en tête, de réaffirmer leur soutien sans faille à Israël. Alors qu’il était critiqué pour les massacres de civils à Gaza, alors que les États-Unis avaient fini par voter une résolution de l’ONU appelant à un cessez-le feu, Netanyahou a réactivé sciemment la menace iranienne. Pendant que le monde retient son souffle face à un risque d’escalade au Moyen-Orient, l’armée israélienne peut poursuivre la guerre à Gaza et les colons multiplier leurs exactions en Cisjordanie.

Biden a soutenu Netanyahou sans délai et sans modération. Malgré leurs timides prises de distance face à l’impasse de la politique de Netanyahou, incapable de venir à bout du Hamas et massacrant trop ouvertement des milliers de Palestiniens, les dirigeants américains n’ont jamais lâché Israël. Car les États-Unis ont bien trop besoin de l’armée israélienne pour maintenir l’ordre impérialiste dans cette région où ils ont semé de nombreuses bombes à retardement.

Les États-Unis ont certes d’autres alliés parmi les régimes de la région, tous défenseurs de l’ordre social. Ils financent les armées jordanienne et égyptienne. Ils sont alliés avec la riche Arabie saoudite. La Turquie est membre de l’OTAN. Ils collaborent y compris avec l’Iran des ayatollahs et des pasdarans, même s’ils ne cessent de les pourfendre, comme en Irak où ils ont installé, après avoir renversé Saddam Hussein, un État qu’ils parrainent ensemble. Mais, parce que la politique des dirigeants israéliens successifs a mis leur peuple dans la situation d’assiégé qui croit n’avoir d’autre choix que la guerre. Parce que son armée est la plus aguerrie et la mieux équipée de la région, Israël est considéré par l’impérialisme comme un allié sûr contre l’Iran et d’autres, qui ne peut pas faire défaut.

Qu’ils vivent au Moyen-Orient, en Europe ou aux États-Unis, les travailleurs n’ont pas à s’aligner derrière la politique de leurs dirigeants. Ni le prétendu camp des démocraties ni celui qu’ils présentent comme l’axe du mal, l’Iran et ses alliés, ne représentent leurs intérêts.

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