- Accueil
- Lutte ouvrière n°2935
- Martinique : la grande marche contre la vie chère
Article du journal
Martinique
la grande marche contre la vie chère
En Martinique, le mouvement de lutte contre la vie chère est arrivé à son soixantième jour. La signature, le 16 octobre, d’un accord entre le préfet, la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) et les patrons de la grande distribution en présence des élus, n’a pas éteint la colère d’une partie de la population contre la « pwofitasiyon » et Ie racket qu’elle subit de la part des gros possédants.
Vendredi 26 octobre, un millier de manifestants se sont rassemblés pour une grande marche à la rencontre de salariés des zones commerciales des environs de Fort-de-France. Ils répondaient à l’appel du RPprac (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes), des syndicats CGTM et CDMT, et de groupes de religieux. La marche s’est terminée à la zone des Mangles aux abords des magasins Décathlon et Mr. Bricolage, enseignes appartenant au groupe du gros possédant béké Bernard Hayot, et qui ont dû, elles-aussi, baisser leurs rideaux.
Auparavant, les manifestants avaient dû s’opposer au barrage de CRS qui voulait les tenir éloignés du siège social du groupe Hayot. Les manifestants, malgré le barrage de CRS, les gaz lacrymogènes et les coups de matraque, ont forcé les CRS à reculer et ont avancé. Le lendemain, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés à l’entrée de l’hypermarché Carrefour de Génipa à Ducos. Bardé de plus de 25 camions de gendarmes en protection, le magasin a dû garder portes closes tout au long de la journée.
De leur côté, des groupes de jeunes ont montré leur colère en érigeant des barrages de détritus et autres troncs d’arbres sur les grands axes routiers à l’entrée de communes comme Case-Pilote ou Schœlcher, à Fonds Lahaye, mais aussi à Saint- Joseph ou dans la commune du François. Les jeunes affrontaient les forces de police lorsqu’elles venaient les démonter, ou les reconstruisaient quelques temps après.
Comme à chaque fois lors de ce type de mouvement de colère, de jeunes pilleurs ou racketteurs se sont mêlés à ceux qui affichent leur soutien au mouvement contre la vie chère. Des incendies ont touché environ 300 entreprises petites ou moyennes. Plus de 1 000 salariés se trouvent au chômage technique.
Plutôt que de manifester ainsi leur colère, il serait préférable que ces jeunes rebelles mettent leur énergie et leur défiance vis-à-vis de ce système qui les écrase au service de leur camp, celui des travailleurs et des opprimés, des salariés, dans la lutte pour le renversement du système capitaliste.
Les salariés sont bien présents dans le mouvement, avec leurs bannières et leurs mots d’ordre pour des augmentations de salaire. Depuis le 26 septembre, deux syndicats ont déposé un préavis de grève générale. Des salariés de nombreux secteurs sont présents les jours de mobilisation générale. D’autres, ceux des collectivités, municipaux ou territoriaux, ceux de la Samac, à l’aéroport, du port, des Vedettes Blue Line (ex-Vedettes tropicales) ou d’Odissy (régie des eaux), ont observé plusieurs journées de grève en soutien au mouvement et demeurent solidaires. Certains salariés des hypermarchés ont débrayé le 26 septembre.
La mobilisation contre la vie chère et l’accord bidon du 16 octobre continue donc.