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- Lutte ouvrière n°2920
- La ruine par le salaire : une fable vieille comme le capital
Article du journal
La ruine par le salaire
une fable vieille comme le capital
Dans le programme du Nouveau Front populaire figure l’augmentation du smic à 1 600 euros. La presse regorge de cris effarouchés de patrons, petits et grands, selon lesquels une telle augmentation ne serait pas possible.
Certes, beaucoup de petits patrons, étranglés par les banques, par la concurrence des grands groupes et par la pression de leurs fournisseurs et donneurs d’ordres sont menacés de mettre la clé sous la porte. Cette situation est utilisée par les défenseurs du capital, des macronistes au RN, pour, disent-ils, démontrer l’impossibilité d’une augmentation des salaires. Leurs arguments sont hélas repris par bien des travailleurs, à commencer par ceux qui travaillent dans de telles entreprises.
Pour les patrons dits moyens et dont les coffres débordent au point que le nombre de millionnaires augmente chaque année, prendre sur leurs profits pour augmenter les salaires est simplement impensable. Et que dire de la poignée de grandes entreprises qui dirigent de fait toute la vie économique et croulent sous les profits ? Que dire des quelques familles, les Arnault, Peugeot, Bolloré, Dassault, Bettencourt, etc., qui en détiennent des paquets d’actions et dont la fortune s’envole ?
Abritée derrière les petits patrons en difficulté, la voix des grands s’impose : augmenter le smic ne serait pas possible. Et charge aux travailleurs de vivre avec une misère et de croire que demander plus ruinerait le pays.
Pourtant, lorsque, sous la pression de millions de grévistes, en 1936 et en 1968, les salaires avaient largement augmenté, aucun boulanger n’avait été ruiné. Le niveau des salaires à un moment donné dépend d’abord et avant tout de la crainte que les travailleurs sont capables d’inspirer à la grande bourgeoisie. Et la classe ouvrière, en exigeant de vivre décemment, ne ruine pas les petits bourgeois, elle leur permet au contraire de desserrer l’étreinte du grand capital.