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Editorial
Le camp des travailleurs doit avoir sa propre politique
Mercredi, Élisabeth Borne devra faire sa déclaration de politique générale. Depuis la raclée électorale des législatives qui a fait perdre aux macronistes leur majorité absolue à l’Assemblée, elle est contrainte de trouver à droite ou à gauche quelques députés pour la soutenir. À peine né, ce gouvernement est déjà en difficulté.
Mais la contestation qu’il aura à subir à l’Assemblée n’est qu’un pâle reflet des tempêtes économiques et sociales qui l’attendent. La crise était déjà là depuis des années. La pandémie de coronavirus et la guerre en Ukraine ont montré à quel point l’ordre économique mondial est instable.
À la sortie des confinements, quand les échanges économiques mondiaux ont redémarré, on a vu que l’économie capitaliste mondiale était incapable de répondre aux demandes de la reprise. De nombreuses pénuries sont apparues, bloquant les lignes de production dans le monde entier, comme dans l’automobile avec le manque de semi-conducteurs. Un an plus tard, rien ne semble vraiment résolu.
Les prix de l’énergie ont explosé et se sont répercutés à tous les secteurs, entrainant le retour d’une inflation mondiale pas vue depuis près de quarante ans. La finance est en plein affolement, car les banques centrales mondiales devant prendre en compte cette inflation font remonter le taux d’intérêt de leurs prêts et ne peuvent plus fournir l’argent gratuit qui alimentait la spéculation. Les Bourses s’agitent avec fébrilité, menaçant de s’effondrer à tout moment.
Et il y a la guerre en Ukraine où Russie et États-Unis s’affrontent avec la peau de la population ukrainienne, qui la paye par ses morts et par les destructions. Les conséquences de cette guerre exacerbent aussi les rivalités entre les pays occidentaux eux-mêmes. L’Allemagne, puissance industrielle dominante d’Europe, est coincée par les conséquences des sanctions économiques que les États-Unis ont imposées à la Russie. Le gaz russe n’arrive plus en quantité suffisante et les grands fournisseurs allemands de ce gaz sont au bord de la faillite, menaçant d’entraîner dans leur chute des pans entiers de l’industrie chimique de ce pays. Rebattant les cartes des rapports de force entre grandes puissances, la guerre a donné le signal du réarmement dans tous les pays.
Alors, il n’y a pas de questions à se poser sur la politique que mènera Elisabeth Borne. C’est à la population et aux travailleurs qu’elle fera payer les dépenses d’armement et le remboursement de la dette de l’État qui augmente avec l’inflation. Et cela s’ajoutera à tous les coups que le grand patronat portera directement à l’emploi et aux salaires. On en a déjà un exemple avec les prix de l’énergie.
Dans une tribune publiée il y a une semaine, les PDG de TotalEnergies, Engie et EDF ont appelé les classes populaires à faire des économies, expliquant que leurs prix ne baisseraient pas. Ces trusts sont les vrais responsables des hausses. Placés devant l’alternative entre la voiture électrique et celle à moteur thermique, leur position de monopole leur a permis de trouver la solution qui préserve leurs profits. En faisant monter les prix du gaz et du pétrole par une réduction artificielle de la production, ils font payer aux consommateurs leurs investissements futurs quels qu’ils soient. Ils vendent moins mais plus cher, et ça rapporte énormément. En seulement trois mois, TotalEnergies a fait plus de 9 milliards de dollars de bénéfice. Toute la société paye pour enrichir les actionnaires des majors pétrolières et le gouvernement ne peut que s’y plier.
Face à cela, le camp des travailleurs, pour l’instant, n’a pas de politique, ni de parti pour le représenter. Sans parler du RN, ennemi de toujours du mouvement ouvrier, les partis de la NUPES sont, comme les autres, respectueux de l’ordre capitaliste. Il n’y a qu’à voir comment le dirigeant du PCF, Fabien Roussel, a vanté les vertus d’un gouvernement d’union nationale. Cela fait longtemps que l’objectif du PCF n’est plus de renverser le capitalisme mais de trouver le moyen de participer à un gouvernement… qui mènera une politique anti-ouvrière.
Pour nous, travailleurs, rien ne peut venir de ces partis, pas même une compréhension de la situation. Nous devons réaliser que collectivement nous représentons une force considérable, par notre nombre, notre concentration dans les entreprises et notre place dans la production. Si nous en prenons conscience, alors tous les espoirs sont permis.
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