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Editorial
Le krach du Bitcoin, révélateur de la spéculation capitaliste
Le 19 mai, les valeurs des cryptomonnaies, ces monnaies virtuelles dont la plus connue est le bitcoin, se sont toutes effondrées. 1000 milliards de dollars sont partis en fumée.
Le bitcoin a été inventé il y a un peu plus de 10 ans par des informaticiens qui voulaient créer, grâce à internet, une monnaie virtuelle échangeable par des transactions anonymes. Au départ, ce n’était presque qu’un jeu et le bitcoin n’avait aucune valeur. Puis ces informaticiens ont voulu prouver qu’ils pouvaient mettre en place des échanges fiables avec de vraies monnaies comme le dollar. Et le premier bitcoin a été vendu pour une somme infime, moins d’un millième de dollar.
Mais, des transactions fiables, anonymes, qui ne nécessitaient pas de passer par un compte bancaire, échappant au contrôle des États, c’était très pratique pour vendre de la drogue, blanchir de l’argent sale ou faire de l’évasion fiscale. Le bitcoin a alors intéressé toutes les mafias du monde.
Ce succès auprès de la pègre a fait monter sa valeur ou plus exactement son taux de change en dollars. Car celui-ci dépend directement de la demande. Plus le bitcoin est demandé, plus son prix augmente. C’est alors qu’il est arrivé dans la cour des grands. Des spéculateurs y ont vu une source de gains importants et rapides. Et puis, récemment, les banques américaines s’y sont engouffrées. Les unes après les autres, elles ont commencé à offrir des placements en bitcoins à leurs clients. Et ce secteur est devenu un des plus profitables de la finance. Le 14 avril, un bitcoin s’échangeait contre plus de 64 000 dollars.
Sur quoi repose la valeur du bitcoin ? Sur la seule confiance que les parties contractantes de cet univers financier ont les unes envers les autres et envers cet objet de leur spéculation. Pour des milliers de spéculateurs, le bitcoin a fini par avoir une valeur sociale reconnue. Les commentateurs se demandent s’il s’agit d’une monnaie ou pas. En tout cas, comme l’argent, il n’a de valeur que parce que des millions de gens veulent bien lui en reconnaître une. Si cette confiance se fissure, tout peut s’effondrer.
Le milliardaire américain Elon Musk, patron du groupe de voitures électriques de luxe Tesla, avait vanté le bitcoin, prétendant en avoir acheté pour un milliard et demi de dollars. Mais, par flair ou calcul ou les deux, il a changé de point de vue sur cette monnaie marginale et l’a critiquée. Peu de temps après, la Chine a annoncé qu’elle en interdisait l’utilisation. Cela a suffi pour que la confiance des spéculateurs dans le bitcoin soit ébranlée. Le doute s’est très rapidement propagé et le château de cartes s’est effondré.
Ce krach n’est, pour l’instant, pas un krach d’ampleur. Les cryptomonnaies ne représentent qu’un petit secteur de la finance. Mais la finance est un immense casino interconnecté, incontrôlé et instable. Le marché du bitcoin est réputé pour être très spéculatif. Mais toute la finance mondiale l’est, car la classe capitaliste préfère spéculer plutôt que d’investir dans la production, cela lui rapporte beaucoup plus.
Le krach du bitcoin est en petit ce qu’ont été les krachs financiers de l’économie mondiale des dernières décennies. En 2008, l’effondrement généralisé de l’économie a été évité de justesse, mais les conséquences en ont été considérables. Des entreprises ont fait faillite en chaîne, des millions de travailleurs ont perdu leur emploi et des pays entiers se sont enfoncés dans la pauvreté. La spéculation est repartie de plus belle.
Le problème n’est pas de savoir quand arrivera le prochain krach financier. L’évolution générale est une fuite en avant vers une spéculation toujours plus envahissante, et les membres les plus conscients de la classe capitaliste n’ont comme seul credo que : « après moi, le déluge ».
Tout cet édifice repose en dernier ressort sur l’exploitation des travailleurs. Si, dans les entreprises, la durée du travail est allongée, si les cadences sont augmentées, si les grands groupes ferment des sites pour concentrer la production sur un nombre toujours plus réduit de travailleurs, c’est pour dégager du profit afin d’alimenter la spéculation. À côté, les chômeurs en sont réduits à vivre de l’aumône des aides sociales.
Il faut stopper cette course à la catastrophe et seuls les travailleurs peuvent le faire en renversant la bourgeoisie et en prenant en main la direction de cette société. Ils en ont la force à condition qu’ils en prennent conscience.
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