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Editorial
Taxer les capitalistes ne suffit pas, il faut les exproprier !
Depuis que Biden, le président des États-Unis, a annoncé vouloir taxer les plus riches et les grands groupes capitalistes, les leaders de la gauche gouvernementale sont en extase. Roussel, le dirigeant du PCF, s’est même exclamé : « C’est incroyable … j’ai l’impression qu’il a pris sa carte au PCF... Le plan qu’il met en œuvre est un plan révolutionnaire ».
On pourrait en rire si ce n’était aussi triste : au pouvoir, les partis de gauche ont été incapables ne serait-ce que d’augmenter les impôts des plus riches, et les voilà transis d’admiration pour Biden, le chef de la première puissance impérialiste !
Biden n’est pas plus l’ami des travailleurs que ne le sont Macron, Xi Jinping ou Poutine. Il cherche à donner un coup de fouet à l’économie de son pays et aux affaires de la bourgeoisie américaine. Et Wall Street, qui a applaudi son arrivée au pouvoir et vient de retrouver son niveau d’avant Covid, s’en félicite !
Les annonces de Biden sont en grande partie bidon. Elles se bornent pour l’essentiel à annuler les baisses d’impôts opérées par Trump et n’entreront en vigueur que si le Sénat les valide. Quant à la taxation internationale des multinationales qu’il brandit, elle reste purement hypothétique.
L’enthousiasme des partis de gauche ne fait pas de Biden un socialiste ! Cela montre seulement le degré d’abaissement atteint par le PS, le PCF ou encore La France Insoumise.
Le prétendu « socialisme » des partis de gauche tient désormais en un slogan : « Taxer les plus riches pour mieux partager les richesses ». Que les plus riches, la bourgeoisie et les grands actionnaires soient mis à contribution serait bien la moindre des choses !
Pour l’année 2020, Arnault touchera 1,5 milliard de dividende de ses actions dans LVMH, soit quatre millions pour chaque jour de l’année. Grâce à son paquet d’actions dans L’Oréal, Meyers-Bettencourt encaissera plus de deux millions par jour. Et pendant ce temps, le gouvernement baisse les allocations de plus d’un million de chômeurs. Il mégote sur les salaires des soignants, la formation et l’embauche de personnel. Il fait planer la menace d’une nouvelle réforme des retraites. Il n’y a aucune raison de l’accepter. Satisfaire les besoins des travailleurs exige de prendre sur les profits de la bourgeoisie !
Ce n’est pas une question de « justice fiscale », car quelle justice attendre d’une société basée sur l’exploitation ? C’est une question de lutte de classes, de rapport de forces, de luttes collectives. C’est une question de défense de nos intérêts vitaux et, pour cela, il ne faut pas compter sur un homme providentiel, mais sur nos propres forces.
Taxer les capitalistes ne leur retire pas leur pouvoir de nuire. Cela ne leur enlève pas le pouvoir d’exploiter les travailleurs, d’écraser les salaires, d’imposer des conditions de travail de plus en plus difficiles aux uns et de licencier les autres. Cela ne leur enlève pas le droit de dominer la société du haut de leurs capitaux et de leur propriété privée.
Un des problèmes de l’heure est celui des brevets sur les vaccins anti-Covid qui freinent leur production massive. Chaque semaine de retard dans la vaccination se solde, ici en France, par 1200 morts supplémentaires. En Inde, réputée pour être, avec la Chine, « l’armoire à pharmacie mondiale », la pénurie de vaccins et d’oxygène fait officiellement plus de 4000 morts chaque jour, et sans doute bien davantage !
En s’arc-boutant sur leur propriété privée, les actionnaires des trusts pharmaceutiques se conduisent en criminels. On ne réglera pas le problème en les taxant davantage, mais en les expropriant et en organisant la production de vaccins en dehors de toute loi du profit, en dehors de la concurrence et du marché.
Si la crise sanitaire est devenue catastrophique, c’est en grande partie parce que la classe capitaliste ne jure que par ses profits. Pour la même raison, elle est à l’origine du chômage de masse, des inégalités, de la crise écologique et des guerres. C’est encore elle qui nous enfonce dans une crise économique sans fin et nous place en permanence sous la menace d’un nouveau krach financier. Tant que cette classe dirigera, elle sera un obstacle au progrès des travailleurs et de la société.
Plus que faire payer la bourgeoisie, il faut lui enlever les rênes de la société, renverser son pouvoir en l’expropriant. Cela a été l’objectif des premières générations de militants qui se sont réclamés du socialisme et du communisme. Il doit rester celui de tous ceux qui visent à l’émancipation des exploités. Le monde ouvrier fait déjà le plus difficile : il fait fonctionner la société malgré la crise. S’il en est capable, c’est qu’il peut la diriger !