Dijon : Un internaute nous écrit23/04/20122012Brèves/static/common/img/contenu-min.jpg

Brève

Dijon

Un internaute nous écrit

Tétra Pak est un groupe suédois employant 22 000 personnes dans le monde, spécialisé dans l'emballage alimentaire, par exemple, les briques de lait. L'usine de France, située dans la banlieue de Dijon, compte 350 salariés, dont un tiers d'administratifs. Depuis plusieurs années, les conditions de travail se dégradent, ces deux dernières années notamment, près de 20 personnes sont parties sans être remplacées.. La direction a multiplié l'usage des ruptures conventionnelles, ce qui fait que chaque départ pouvait paraître comme un arrangement à l'amiable, qui de la personne qui avait trouvé un meilleur emploi, qui de celle qui pouvait partir avant l'âge de la retraite.

Une des dernières ruptures a fait parler d'elle : l'employée, de retour de congé maternité s'est fait expliquer que ses fonctions avaient été redistribuées et qu'elle n'avait donc plus rien à faire. Après plusieurs jours, elle a été convoquée à la va-vite, un vendredi après-midi par le RH et le responsable pour signer une rupture de contrat qui « n'engageait à rien... puisqu'elle avait 15 jours pour réfléchir »... Un peu perdue et dégoûtée, elle a fini par accepter de partir. Comme à chaque départ, un communiqué a été passé par mail et affichage à tout le personnel, avec les formules consacrées : « d'un commun accord, untel a décidé de donner un nouveau tournant à sa carrière »...

Sans parler de faire partir les gens, il y a une multiplication de convocations, de réflexions, de reproches, de pressions qui font que les gens se sentent de plus en plus mal à l'aise, tandis que la quantité de travail augmente. Chacun doit participer à des groupes de travail, remplir de multiples tableaux et autres rapports, tout ça pour que la direction puisse présenter des résultats auprès des organismes d'audit et de la direction générale du groupe.

La dernière attaque, et qui a choqué nombre d'entre nous, c'est la convocation pour un entretien préalable à une sanction de l'infirmière. Choquée par la méthode au bout de 20 ans chez Tétra Pak, elle a d'ailleurs eu un malaise lors de l'entretien. Un nouvel entretien a eu lieu après son arrêt maladie, pour lequel les syndicats avaient appelé à un rassemblement de soutien. La direction avait fixé le lundi 26 mars, jour où la production ne tournait pas mais nous étions tout de même une soixantaine à être présents pour lui marquer notre soutien.

Le mercredi 4 avril, notre collègue a reçu sa lettre de licenciement. La direction lui reproche d'avoir tenu des propos hostiles à l'entreprise dans le cadre de réunions avec les salariés, comme en auraient témoigné certains cadres.

Pour marquer le coup, les syndicats ont appelé à la grève le 5 et 6 avril, pour que tous les postes (3 X 8, journée et VSD) puissent débrayer. Près de 90 % du personnel ont participé et se sont retrouvés au piquet de grève. La copie de la lettre de licenciement a fait beaucoup réagir : 6 pages pour finalement reprocher à notre collègue de ne pas systématiquement défendre la direction. Et surtout ces fameuses citations qui lui sont reprochées qui nous faisaient dire : « mais ça, j'ai dû le dire au moins 10 fois par jour ! Ça veut dire que ça peut tomber sur n'importe lequel d'entre nous »...

Devant le fait accompli, la direction a demandé pourquoi, il y avait grève, puisqu'il n'y avait pas de revendication !.. Et effectivement, certains disaient qu'ils n'étaient pas là pour réclamer 20 ou 30 euros, mais pour dire qu'on n'en peut plus ! Et puisque la direction nous demandait des revendications, c'est parti dans tous les sens, sur tous les problèmes concrets de chaque poste. La demande première étant la réintégration de notre collègue infirmière.

Les médias régionaux ont relaté les faits, et ça faisait plaisir de voir ça, un an après la campagne que s'était offert Tétra Pak, pour les 40 ans de l'usine et la présentation d'une nouvelle machine pour 23 millions d'euros : l'occasion de, pour la direction, à nouveau faire sa pub sur Tétra pak, une industrie qui investit, qui innove, avec un personnel engagé et heureux.

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