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Brève
La Réunion
Albioma, centrales thermiques Travailleurs de tous les pays unissons-nous !
Le 24 mai dernier devant l’usine de Bois-Rouge, des représentants de la CGTR-BTP et de la CFDT-BTP ont convoqué la presse pour faire connaître leur opposition à la présence de travailleurs étrangers sur le chantier de la centrale thermique. Cette position était soutenue par la fédération patronale FRBTP.
Les représentants syndicaux contestant la réalité d’un manque d’ouvriers réunionnais qualifiés ont demandé des comptes à la direction d’Albioma, qui leur répond qu’elle n’a pas la main sur l’embauche de ces espagnols, que cela dépend des entreprises qui ont eu le marché.
Tout en affirmant qu’il n’a rien contre les travailleurs étrangers le représentant CGTR-BTP précisait qu’à ses yeux « les coupables sont ceux qui osent les employer ». Dans Témoignages du lendemain, le PCR sur la même position , revendique un droit réunionnais qui s’oppose aux droits français et européen pour que les entreprises soient obligées de recourir à des Réunionnais pour occuper ces postes.
Toutes ces déclarations brouillent la conscience et aboutissent en définitive à affirmer que les syndicats et le PCR se rangent derrière les patrons locaux, que les intérêts des travailleurs réunionnais passent par la défense des intérêts patronaux. C’est une imposture ! De plus, dans un contexte de fort chômage et de remontées xénophobes, montrer du doigt des travailleurs étrangers revient à les rendre responsables du manque de travail aux yeux de l’opinion et cela c’est criminel.
En fait, les intérêts des travailleurs, quelle que soit leur origine, sont étroitement liés. C’est en étant solidaires qu’ils peuvent contrer la rapacité patronale comme ils l’ont justement montré sur ces chantiers.
Albioma a passé plusieurs marchés avec de grandes entreprises du BTP, dont MOS une entreprise espagnole qui a fait venir sa « propre » main-d’oeuvre, pour réaliser des travaux de mise aux normes visant à limiter les émanations de fumées toxiques des centrales thermiques du Gol et de Bois-Rouge.
Ces travaux doivent être réalisés sur la période de janvier à juin, hors période de la campagne sucrière, car les centrales thermiques doivent fonctionner à plein régime pendant la coupe des cannes pour fournir aux usines sucrières l'électricité nécessaire à leur fonctionnement.
La réalisation de ces travaux nécessitait l'intervention de plus de 100 ouvriers soudeurs à la qualification adaptée à ces chantiers très spécifiques. Localement seuls une vingtaine d’ouvriers posséderaient cette qualification, ce sont donc plus de 80 soudeurs espagnols et portugais qui sont venus réaliser ces travaux à leurs côtés dans des conditions d’exploitation éhontées.
Pour tenir les délais, livraison au 15 juin, l’entreprise sous-traitante faisait travailler les ouvriers 6 jours sur 7 10 heures par jour ! Ce qui laisse penser qu'il aurait fallu faire intervenir deux fois plus d'ouvriers pour faire respecter les 35 heures et les conditions de sécurité sur ces chantiers.
Quant à la paye la situation s'est rapidement détériorée au point que MOS n’avait toujours pas payé le salaire d’avril à la fin mai, rendant la situation des ouvriers intenables : impossibilité de payer leur loyer, de se nourrir, d’envoyer de l’argent à leur famille.
Avec des militants de la CGTR, des ouvriers réunionnais ont menacé, en solidarité avec leurs compagnons espagnols et portugais, de bloquer le chantier.
Devant cette menace le patron s’est empressé de payer.
Cette victoire a été scellée par un repas fraternel et chaleureux au cours duquel la barrière de la langue a pu être surmontée à l’aide d’un traducteur originaire du Sénégal.
Les travailleurs ont fait la démonstration qu’il ne faut pas se tromper d’ennemi : le seul étranger c’est le patron.