Brève
Usine Renault Sandouville (Seine-Maritime)
L’état de droit … mais pas pour les travailleurs

Il aura fallu près de dix ans pour que l’abus systématique de recours aux contrats d’intérim, en lieu et place de contrats à durée indéterminée, à l’usine Renault de Sandouville soit enfin jugé au tribunal correctionnel du Havre le 10 avril.
Ce procès résulte d’une action engagée depuis 2015 par la CGT du site, dans la foulée l’inspection du travail avait dressé plusieurs procès-verbaux transmis au parquet. À l’époque, entre 2014 et 2018, pour environ 1900 salariés en CDI il y avait en permanence entre 1200 et 1400 travailleurs temporaires. À signaler que depuis, et jusqu’en février dernier, il y avait encore au moins 700 intérimaires constamment employés à Sandouville.
De telles pratiques sont parfaitement illégales mais massivement employé par les patrons, en particulier dans l’automobile, car ces travailleurs sont principalement affectés aux postes les plus durs en chaine, et donc soumis à toutes les pressions pour toujours plus de productivité, de plus, en cas de baisse momentanée de commandes, les patrons s’en débarrassent immédiatement, comme cela a d’ailleurs été le cas en mars dernier à l’usine.
Mais ce n’est surement pas l’appareil judiciaire qui mettra fin à ce « trafic d’intérimaires », en effet à l’audience, l’amende requise par la procureure se monte à 18 750€ ! Quand on sait que se sont environ 4500 contrats illicites conclus dans la période de 5 ans du dossier, cela représente 4,16€ par infraction ! Pas de quoi calmer la délinquance patronale !
Le délibéré du jugement sera rendu le 13 mai.