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Communiqué
Conférence de presse du 31 août 2013
Ces jours-ci la presse a mis en exergue le pourcentage de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté à la Réunion. Elles représentent 42% de la population, c'est-à-dire que près de 350000 personnes ont moins de 935 euros par mois pour vivre, la moitié d'entre elles disposant de moins de 690 euros.
Sans compter la grande majorité de travailleurs celle qui « râle le diable par la queue » parce qu'ils touchent des salaires au smic ou à peine au dessus.
Aux salaires de misère s'ajoute aussi la précarité imposée par le patronat. Que ce soit dans le commerce, le bâtiment, les associations ou les services, dans la fonction publique territoriale (80 % de non titulaires), mais aussi depuis plusieurs années dans les services publics tels que la Poste ou les hôpitaux, ce sont les contrats déterminés qui sont imposés et deviennent parfois majoritaires.
Et cette situation au lieu de s'améliorer empire. Elle empire car le chômage ne cesse d'augmenter.
Mais le gouvernement ne fait pas grand-chose pour sortir les classes populaires de cette situation désastreuse, pour permettre aux familles, aux jeunes de voir l'avenir moins sombre.
Au contraire il tente de camoufler la réalité en proposant encore de la précarité aux travailleurs, en particulier aux jeunes avec des contrats aidés qui sont en nombre insuffisants, peu rémunérés et surtout de courte durée. Mais même cela ils sont incapables de le mettre en application. Il n'y a qu'à prendre comme exemple le nombre de contrats avenir effectifs à la Réunion : 800 sur les 5000 promis !
Parmi les jeunes qui en sont bénéficiaires certains ont dû barrer les routes au mois de février-mars pendant plusieurs jours à Saint Benoît, Saint Louis, St Pierre et Le Port pour obliger les maires à leur accorder ces contrats.
Mais loin de prendre des mesures en faveur des travailleurs, le gouvernement de par sa politique contribue à les appauvrir davantage.
Le dernier mauvais coup du gouvernement Hollande-Ayrault contre les travailleurs est la nouvelle réforme des retraites : le chef du gouvernement a présenté mardi son projet de loi qui une fois de plus s'en prend au porte monnaie des salariés et des retraités et fait la part belle au patronat.
Sous prétexte de sauver le système de retraites en « maintenant l'équilibre financier » le gouvernement va allonger progressivement la durée de cotisation pour avoir une retraite à taux plein de 41,5 années à 43 ans d'ici 2035. En l'espace de 20 ans, nous aurons subi cinq réformes sans que le dit équilibre ait été atteint ! Et la promesse de retour à la retraite à 60 ans faite par le PS est de fait jetée aux oubliettes!
De plus, cette réforme va réduire dès l'an prochain les salaires et les pensions de tous les retraités car elle prévoit une hausse des cotisations salariales et une contribution des retraités via la fiscalisation de 10% des pensions des parents de trois enfants et plus.
Ces mesures prises sur le dos des travailleurs devraient rapporter 7,1 milliards. Mais on est loin des 20,7 milliards d'économie que veut faire l'État. Il faut donc s'attendre à de prochaines réformes dans les années qui viennent !
Le gouvernement ose parler d'une réforme « juste », d'une réforme « équilibrée » sous prétexte que le patronat est mis également à contribution par une hausse sensible des cotisations patronales, mais tout de suite compensée par un allègement du prétendu « coût » du travail, en l'occurrence une baisse des cotisations liées à la protection sociale des salariés. En clair, le gouvernement videra un peu plus les caisses des assurances maladies au profit du patronat.
Mais l'annonce de cette nouvelle réforme ne satisfait pas encore le patronat qui par la voie notamment du président du Medef Pierre Gattaz demande une réforme en profondeur, c'est-à-dire d'allonger la durée de cotisation à 43 ans tout de suite ou encore de s'attaquer notamment aux régimes dits « spéciaux » des fonctionnaires.
On peut s'attendre donc à ce que ce gouvernement d'ici le vote de la loi durcisse un peu plus les mesures pour répondre aux attentes du patronat.
Comme on peut le constater le gouvernement socialiste marche dans les pas du gouvernement de droite précédent en s'en prenant au monde du travail. Ce nouveau recul est inacceptable.
En effet, la réforme des retraites, n'est malheureusement qu'une attaque parmi d'autres contre le monde du travail. Il y a moins de trois mois le gouvernement faisait voter la loi dite de « sécurisation de l'emploi » étant elle-même la déclinaison de l'accord signé entre le Medef et des organisations syndicales de salariés qui, notamment, rend encore plus faciles les licenciements collectifs dans les entreprises, plus précaires les emplois avec la fin progressive des CDI, etc.
Les députés socialistes ont bien évidemment fait la promotion de cette loi également vantée par le patronat. Les parlementaires PS locaux ont alors parlé d'une « avancée » pour les travailleurs. On ne voit pas comment une loi dictée et voulue par le patronat pourrait constituer un progrès pour les travailleurs. Par leurs déclarations, si tant est il était besoin d'en faire la démonstration, les députés PS ont montré qu'ils étaient dans le camp du patronat.
Nous pourrions effectivement également parler de la défiscalisation où la encore la plupart des élus de gauche ont joint leur voix à celles des politiciens de la droite et bien sûr à celle des patrons pour demander au gouvernement qui avait fait mine d'en revoir certains contours de ne pas y toucher. Leur message a été reçu cinq sur cinq par celui-ci qui permettra pour un long moment encore aux plus riches de bénéficier de réductions importantes d'impôts.
Rappelons tout de même que la défiscalisation dans l'Outremer coûte à l'État un peu plus d'un milliard d'euros par an.
Cet argent reste donc dans la poche des plus riches sans que le gouvernement ne leur demande aucune contrepartie.
Au contraire, il continue, comme les précédents, d'arroser le patronat à coup de millions, voire de milliards.
Nous, à LUTTE OUVRIERE nous disons qu'il faut cesser tous ces cadeaux au patronat ; que l'argent public doit servir à la création d'emplois dans les services publics utiles à la population, à la création de milliers de logements à la construction des écoles, des hôpitaux en nombre suffisant.
Vie chère
Demain le prix du gaz devrait encore augmenter. Cette hausse n'est pas pour améliorer le pouvoir d'achat des classes populaires !
Non seulement les revenus des ouvriers, des employés, des chômeurs ou des petits retraités sont bas et ne suivent pas le coût de la vie, mais les prix eux s'envolent.
Toutes les études confirment une majoration des prix de 40 % minimum par rapport à la métropole alors que le revenu moyen des ménages réunionnais est inférieur de 50 % à celui des ménages métropolitains. Ce qui n'empêche pas des démagogues politiques de droite et de gauche de s'en prendre aux fonctionnaires qui bénéficient d'une prime destinée à compenser la vie chère, plutôt que de s'en prendre aux patrons, vrais fauteurs de vie chère !
Malgré les prix « Cospar » ou le panier « Lurel », malgré le subventionnement du prix du gaz pendant un an par le conseil régional, les patrons du commerce disposent en fait de l'entière liberté des prix et ils ne s'en privent pas pour imposer des marges exorbitantes à la population.
La misère qui s'accroît dans la classe ouvrière découle directement de l'exploitation des travailleurs et de la liberté totale du patronat, mais aussi des propriétaires et spéculateurs fonciers, d'imposer leurs prix, prix d'achat du travail (les salaires), prix de vente des marchandises (coût de la vie). S'ils ne se défendent pas, les travailleurs sont écrasés dans cet étau.
Face à la baisse des revenus et à la montée des prix, eh bien il faut imposer l'échelle mobile des salaires, c'est-à-dire que, quand les prix augmentent, les salaires et les pensions doivent suivre !
Les travailleurs doivent organiser la riposte
Mais les travailleurs n'ont rien attendre du PS qui mène la même politique que la droite. Ils ne peuvent compter que sur leur capacité à se faire respecter par la lutte.
Ces derniers mois, de nombreuses grèves ont éclaté pour l'augmentation des salaires dans plusieurs secteurs : la collecte d'ordures (Star, Sepur), les garages (Renault, Citroën, Cotrans), la grande distribution (Carrefour), SHLMR, SODIAC, l'agro-alimentaire (CILAM), ce qui prouve bien que le pouvoir d'achat est l'un des principaux soucis des travailleurs. Les conditions de travail, la précarité de l'emploi aussi avec les récentes grèves du tri postal du Chaudron et d'Air Austral.
Les salariés se sont mobilisés pendant plusieurs jours, parfois plusieurs semaines pour réclamer quelques 30 ou 50 euros d'augmentations de salaires.
Oh ces revendications ont été modestes au regard des besoins des familles face à la cherté de la vie et surtout face aux superprofits de certains groupes comme Hayot ou l'Urcoopa. Mais même pour ces modiques sommes, les patrons avec le mépris et la rage n'ont voulu lâcher que des miettes après avoir auparavant traîné les grévistes devant les tribunaux pour entrave à la sacro-sainte liberté du travail ou en les menaçant physiquement comme à la Cilam.
Il a fallu la solidarité des grévistes entre eux et aussi la solidarité d'autres travailleurs d'autres entreprises et leur détermination pour faire céder, même un peu, ces patrons exploiteurs.
Ces luttes n'ont certes pas été assez nombreuses et ont été souvent isolées pour pouvoir faire peur véritablement au patronat et au gouvernement.
Car ce que craignent par dessus tout les capitalistes qui sont les véritables responsables du chômage et de la misère et leurs serviteurs aux commandes du gouvernement et des collectivités, c'est la solidarité de travailleurs.
C'est là que réside notre force. Il faudra donc que les travailleurs organisent et mènent leurs luttes de façon collective avec des objectifs communs à l'ensemble du monde de travail. A commencer par l'interdiction des licenciements parce que c'est une mesure vitale pour les travailleurs qui n'ont pas d'autres moyens de subsistance que leur travail ; l'arrêt des heures supplémentaires. Il est inadmissible que les patrons imposent des heures supplémentaires à une partie des travailleurs alors que 150 000 autres pointent au chômage !
Oui, il faut imposer la répartition du travail entre ceux qui en ont et ceux qui en sont privés, sans diminution de salaires.
Pour contrecarrer les attaques conjuguées du patronat et du gouvernement le monde du travail dans son ensemble doit organiser la riposte.
Les travailleurs doivent prendre conscience quelle que soit leur origine qu'ils forment une seule et même classe sociale opposée à la classe patronale.
Et tous ceux qui veulent nous faire croire que nous sommes tous embarqués sur le même « bato La Rényon » et que tous, exploiteurs et exploités doivent ramer ensemble pour « faire avancer La Réunion » sont des menteurs patentés qui veulent mettre les travailleurs à la remorque de la bourgeoisie.
La grève du 10 septembre est l'occasion pour la classe ouvrière de faire entendre sa voix et les aspirations qui lui sont propres. Il faut que cette journée soit un succès. Lutte ouvrière y appelle bien sûr. Mais elle doit avoir une suite, car le patronat et le gouvernement ne cèderont pas au bout d'une journée de mobilisation. Il faut se préparer à maintenir la pression et montrer notre détermination à imposer ces revendications pour que change le sort des travailleurs et des plus pauvres.
A propos de la préparation d'une intervention militaire des puissances occidentales en Syrie
A la suite de l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Bassar El Assad dans un quartier de la capitale, Damas, les puissances occidentales évoquent depuis quelques jours de façon de plus en plus insistante à l'initiative du président américain Obama leur intention d'organiser une expédition militaire punitive.
Pour Obama, « Bassar El Assad a franchi la ligne rouge » en utilisant ces armes chimiques qui ont fait des centaines, voire des milliers de morts. Est-ce à dire que l'utilisation d'armes classiques tout aussi destructrices de vies humaines est plus tolérable ? Les grandes puissances occidentales : les États-Unis, la Grande Bretagne, la France, l'Allemagne font preuve d'une grande hypocrisie, elles qui sont largement responsables des guerres qui épuisent le monde arabe et le Moyen Orient en particulier. Ce sont ces puissances qui ont colonisé et se sont partagé cette partie du monde au début du 20ème siècle, jouant sur les divisions nationales et religieuses des peuples de cette région. Ce sont elles qui ont soutenu certaines factions contre d'autres, mettant en selle et armant des dictatures telles celle du shah d'Iran, celle de Saddam Hussein en Irak, d'Hosni Moubarak en Égypte ou celle d'Arabie Saoudite, dans le but de contrôler militairement et économiquement (le pétrole et le gaz) toute la région et d'en faire profiter leurs capitalistes.
Quant à l'utilisation des armes chimiques, les États-Unis, la France et l'Allemagne ne se sont pas privés de les utiliser dès la première guerre mondiale ou pendant la guerre du Vietnam par exemple.
Les saloperies des uns ne lavent pas celles des autres.
En projetant d'intervenir en Syrie, l'impérialisme occidental ne veut pas mettre fin à la dictature en place. Il le dit ouvertement. Il veut seulement prévenir les peuples du Moyen Orient qu'il reste le maître du monde. L'intervention militaire n'abattra pas le régime d'El Assad, il causera par contre de nouvelle souffrances et de nouveaux morts dans la population civile. C'est ce qu'ont bien compris de plus en plus de gens dans les pays impérialistes qui sont opposés à cette intervention guerrière. C'est cette opinion anti-guerre qui lève qui a obligé déjà les gouvernements anglais et allemand à renoncer, au moins provisoirement, à participer à l'attaque contre la Syrie. Pour l'instant, seul le « socialiste » Hollande continue à faire du zèle et colle aux basques du chef de guerre Obama. Il a déjà dépêché sur place deux bâtiments de guerre dans la zone.
Les travailleurs français doivent dénoncer et s'opposer à cette politique de la canonnière dont seul le peuple syrien fera les frais. Non à l'intervention de la France en Syrie !