Fête de Lutte Ouvrière à Dijon : le texte de l'allocution de Claire Rocher24/12/20242024Document/static/common/img/contenu-min.jpg

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Fête de Lutte Ouvrière à Dijon : le texte de l'allocution de Claire Rocher

Chers amis, chers camarades, 

 

Chaque année, de cette même tribune, je fais un point sur notre société. Et chaque année, comme un oiseau de malheur, je décris une situation qui n’a cessé d’empirer. 

Je ne vais pas vous amuser avec la comédie qui se joue aussi bien au niveau européen qu’au Parlement français avec Bayrou. Je ne vais pas le faire parce que ça n’a pas le moindre intérêt. S’il y a au moins une expérience que les travailleurs ont fait, c’est que tous ces gens s’agitent pour leurs petits intérêts et ne sont en fait que des clowns. 

 

Oui, la réalité de cette société, c’est qu’elle est dirigée par le grand Capital ! 

On ne les connaît pas vraiment, mais ils sont identifiés : les fonds de pensions, les compagnies pétrolières, les compagnies maritimes et aériennes, les grandes entreprises commerciales, j’en oublie mais il s’agit de tous les plus puissants de ce monde. Et même si chaque état se vante d’augmenter le nombre de ses milliardaires, numériquement, ils ne sont qu’une poignée. 

Aujourd’hui, ils sont gavés de richesses, comme jamais ! et pourtant plus assoiffés de profits que jamais. 

Je cite Marx : « Le capital déteste l’absence de profit comme la nature a horreur du vide. Que le profit soit convenable, et le capital devient courageux : 10% d’assurés, et il peut s’employer partout ; 20%, il s’échauffe ! 50%, il est d’une témérité folle. A 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines, 300% et il n’est aucun crime qu’il n’ose commettre, même au risque de la potence » disait-il de son temps. Que dirait-il de notre époque : aujourd’hui ils sont dans un délire, et atteints d’une surexcitation aveugle qui va entraîner la planète entière vers les pires catastrophes. Leur désir, de toujours plus, leur fait rêver de dominer la planète Mars !, mais le seul résultat tangible pour l’humanité est le saccage de la terre entière.

La crise économique qui sévit depuis des décennies s’est encore accentuée, au point qu’il est difficile de ne pas voir que l’Europe est en perte de vitesse par rapport aux Etats-Unis, et que les conséquences immédiates sont une détérioration de nos conditions de vie pour les plus chanceux, quand ce n’est pas un véritable drame pour ceux qui perdent leur emploi. 

 

 

Rien que dans notre région, on n’arrête pas de dénombrer les annonces de fermetures d’entreprises et de cessation d’activité. 

Il y a déjà eu ces derniers temps la centaine d’emplois supprimés par la fermeture du Casino de Chenove, les 130 licenciés de chez Bayard, à Quetigny, qui faisaient du prêt-à-porter, ou encore 65 emplois supprimés à Héricourt avec la fermeture de Gaussin qui faisait des Fenwick.

Aujourd’hui Valti, à Montbard, annonce la fermeture de son usine métallurgique, laissant 130 ouvriers sur le carreau, et PPG la Seigneurie, à Genlis, ferme aussi, avec une centaine de suppressions d’emplois à la clé.

Même celles qui n’annoncent pas directement des plans sociaux « réduisent leur voilure » en encourageant les départs volontaires, comme c’est le cas chez JTekt à Chevigny. 

Aucune branche d’industrie, aucune usine n’est à l’abri, pas même les plus florissantes comme le géant de la sidérurgie Arcelor Mittal au Creusot, puisque le groupe a annulé des investissements prévus à Dunkerque, et annoncé la fermeture de 2 sites, à Reims et à Denain, qui comptent 135 emplois. 

 

Tout cela, c’est uniquement ce qui est autour de nous, et parmi les entreprises les plus importantes.

Et le scénario est le même, plans et fermetures d’usines, dans toutes les régions du pays. Les grosses entreprises amorcent le mouvement, entraînant en cascade un plus grand nombre de petites et moyennes entreprises dépendantes directement ou indirectement, sous-traitantes ou pas, des gros donneurs d’ordres. 

Aujourd’hui après que Auchan et Michelin aient donné le ton, l’un annonçant qu’il allait supprimer 2400 emplois, l’autre 1250, une quantité d’autres entreprises se sont engouffrées : Valéo prévoit la fermeture de 3 usines et la suppression de 1000 emplois, la Fonderie de Bretagne qui travaille pour Renault a annoncé la suppression de 350 postes, General Electric Vernova, la branche qui fabrique les éoliennes offshore, 360, et bien sûr pour ne pas être en reste La Poste annonce se séparer de 20 000 intérimaires.

            Plus de 160 000 emplois sont aujourd’hui menacés, et on estime que cela monte à 200 ou 300 000 en comptant les emplois indirects, sous-traitants et autres. Le journal Les Echos parle d’une « vague de fermetures d’usines qui secoue toute la France ». 

 

 

            On pourrait continuer la même énumération sans fin avec les suppressions d’emplois qui ont lieu dans l’Europe tout entière. 

Dans la seule industrie automobile Allemande, 140 000 emplois, environ 20% de ceux qui existent aujourd’hui, pourraient disparaître. Un équipementier automobile, ZF, annonce à lui tout seul 11 à 14 000 postes supprimés. 

La chimie allemande, première au monde avec ses géants comme Bayer, est elle-aussi en perte de vitesse, et Unilever ou encore BASF ont annoncé des réductions d’effectifs.

 

 

Cette fois-ci, avec l’automobile c’est aussi toute la grande industrie qui faisait les fleurons et la richesse de l’Europe et qui assurait sa stabilité qui est touchée.

La première démarche de ces capitalistes, c’est de réduire leurs frais, réduire leurs dépenses, sauver les bijoux de famille. De fait, ce sont leurs propres travailleurs qui vont en subir les conséquences : réductions de salaires, de primes, de congés, de tout ce qui paraît inutile à leurs intérêts propres. 

Au pire, après, s’ils ont sauvé leur pelote, ou remis leur pelote à l’abri ailleurs, ils laisseront pourrir l’outil de travail : machines pratiquement neuves laissées à l’abandon, usines en ruine, et la casse industrielle embellira les paysages !

 

Mais si on en arrive là, c’est une bascule. Finis les statuts privilégiés, l’Europe s’enfonce dans la crise sociale et les tentatives de l’état pour amortir la chute n’y suffiront plus. Et si les travailleurs ont connu une relative aisance de puis quelques années dans les pays européens, s’ils ont réussi à bénéficier des quelques miettes tombées du gâteau impérialiste, au point que des centaines de milliers d’hommes sont prêts à risquer leur vie en méditerranée et se noyer pour rejoindre l’Europe, et participer aux maigres agapes de la classe ouvrière européenne, cela semble bien compromis dans l’avenir car l’Europe également va s’enfoncer dans la crise et la pauvreté. 

La précarité, c’était jusqu’ici pour les travailleurs issus des pays dits pauvres, plus exactement ces pays où 80% de la population est dévastée par la faim, la pauvreté et la cruauté qui l’accompagne, tandis qu’une toute petite minorité croule sous une tapageuse richesse. Jusqu’à présent, les conditions de vie de notre pays, même si elles se sont énormément dégradées, sont très largement supérieures aux conditions de vie des travailleurs dans les pays pauvres. 

Ce sont souvent ces mêmes pays du Sud – comme osent les appeler les journalistes et les agences de voyages touristiques occidentales – qui en font des pays de rêve pour touristes en mal de coups de soleil – tout en cachant leur réalité sociale faite de misère, de pillage et de bidonvilles – comme on vient de le découvrir à la télévision avec le bidonville des Comoriens à Mayotte. C’est souvent ceux-là qui sont écrasés par des catastrophes climatiques, cyclones ou tornades, et qui se retrouvent sans secours. 

Ces pays pauvres sont aussi ceux qui sont convoités par les plus riches pour leurs ressources minières ou agricoles, et menacés en permanence par les conflits entre brigands impérialistes, ou entre brigands tout-court. 

 

Si la crise perdure dans les pays riches d’Europe, et que les uns après les autres, ils affrontent une crise sociale, avec son cortège de chômeurs, de gens sans-logis, de soupes populaires, ce sera à la classe ouvrière de relever le gant, de se mobiliser et de s’organiser pour défendre son niveau de vie, et celui des classes les plus pauvres. Cela deviendra inéluctable, mais la classe ouvrière n’en est pas encore consciente. 

Ce qui s’est passé après l’annonce de la fermeture des sites de Michelin à Vannes et à Cholet en est dans une certaine mesure une preuve. Bien sûr, chez les travailleurs touchés il y a eu de l’inquiétude et de la colère, mais malgré leur tentative, leur colère n’est pas allée jusqu’à entrainer l’ensemble des ouvriers de l’usine de Cholet par exemple, ni même jusqu’à s’organiser pour entrainer les autres ouvriers de Michelin. C’est peut-être démoralisant, mais pas plus que ça : quand on est les premiers à monter à l’assaut, ce n’est jamais simple. Et c’est vrai que si les attaques deviennent incessantes, les travailleurs finiront par se défendre. 

 

Pour l’instant, ce n’est pas le cas. 

            D’autant plus que les organisations ouvrières, et les partis politiques qui se réclament des travailleurs ont pour l’instant abandonné toute velléité de se battre et toute velléité de rentrer dans un véritable conflit collectif. Le dernier en date était dans les manifestations à répétition du conflit contre la réforme des retraites, pacifiques, plan-plan, et sans le moindre véritable challenge ! car la seule solution envisagée est la négociation. 

Pour ces organisations, la solution n’est pas dans le combat, elle est dans les arrangements, comme si la bourgeoisie, le patronat, les petits patrons comme les grands, étaient prêts à lâcher quelques avantages. 

Or justement, c’est très exactement sur ce terrain-là, en plus des annonces brutales de licenciements, que le patronat va essayer de rogner. Bloquer les salaires, récupérer les sacrosaints jours de RTT qui sont sensés appartenir aux travailleurs, réduire les congés annuels, etc, etc, de multiples solutions compliquées et complexes peuvent être inventées pour réduire encore des salaires déjà petits. Quand ce n’est pas une demande directe de les baisser de 20% comme chez Volkswagen. On n’en est qu’au début, ils trouveront d’autres choses pour rogner. Ils ont plein d’avocats, plein d’hommes compétents pour le faire. 

Pour l’instant, ces organisations-là prêchent la collaboration et au fond, cela correspond avec l’état d’esprit lui-même de la classe ouvrière d’aujourd’hui : le patronat est le patron ! Aux travailleurs de s’entendre avec lui !! 

 

 

Alors oui, la classe ouvrière, notre classe, n’est pas présente sur la scène politique et sociale. Elle l’est même beaucoup moins que lors des décennies précédentes. 

Alors oui, on peut dire que la classe ouvrière est en retard sur ces taches qui l’attendent. Et ce n’est pas seulement parce qu’elle n’est pas mobilisée qu’elle est en retard, parce qu’après tout, la mobilisation, ça peut aller vite, un bon coup de colère et toutes les colères peuvent s’unifier d’un seul coup du jour au lendemain. Le portable et les réseaux sociaux y contribueront peut-être, mais la colère, beaucoup plus ! 

 

Mais le retard n’est pas que dans cette absence de mobilisation, le retard est dans nos têtes, dans la façon dont nous comprenons la société dans laquelle nous vivons. Même se tourner vers un mouvement d’extrême droite qui semble à certains plus radical et peut-être plus proche de leur sentiment de colère reste une illusion.

 

Ils n’ont pas encore identifié l’ennemi. Sinon ils verraient qu’une Le Pen, promettant d’améliorer les choses en s’attaquant à plus pauvres, plus désemparés qu’eux, les migrants qui sont chassés par la misère, le climat, la religion et la guerre, ça ne peut être qu’un leurre. Sinon, ils verraient d’où viennent les coups. Et ce ne sont pas les migrants, venus chercher dans nos pays riches une vie meilleure, une vie tout-court, qui sont pour nous une menace. 

            Même cette volonté du RN de mettre au centre de son programme politique une chasse aux migrants est plus que suspecte. S’attaquer aux plus démunis, sans s’attaquer à ceux qui croulent sous les richesses, laisse à entrevoir ce qu’ils feront au pouvoir, sous la pression directe de la bourgeoisie elle-même. Donner des ordres aux Arnault, Pinault, Dassault et autre Bolloré, c’est moins facile que d’encourager les pauvres à se venger sur plus pauvres encore. 

            Et ce ne sont pas les coquetteries de la « dame aux chats » telle qu’elle est présentée aujourd’hui dans sa course à la respectabilité qui feront oublier que son fond de commerce est fondé sur la chasse aux pauvres. 

 

Conscients que la situation s’aggrave, les travailleurs aujourd’hui ont tendance à regarder dans cette direction. Car il n’y a pas de parti favorable aux intérêts des travailleurs. La gauche a récusé ce rôle depuis longtemps. Le parti socialiste, bien sûr, depuis les deux guerres mondiales, et le parti communiste peu de temps après. Tous deux, mais de façon différente, le premier après la première guerre mondiale, a offert ses services à la bourgeoisie, et le deuxième, dix ans plus tard, après la révolution russe et la bureaucratisation de l’appareil d’état russe. Cela fait plus de 100 ans maintenant, pour ces deux-là, qu’ils offrent décennie après décennie leurs services à la grande bourgeoisie. Blanchis sous le harnais de la servilité, c’est tout juste si aujourd’hui ils lui sont encore utiles. Ça ne les empêche pas, tout en baissant leur culotte face au grand patronat, de prétendre représenter les travailleurs. 

Et bien sûr, les organisations syndicales, quel que soit le sigle, en ont fait de même depuis longtemps. Trotsky disait d’elles qu’elles étaient devenues la courroie de transmission des intérêts de la grande bourgeoisie et des trusts au sein de la classe ouvrière. 

 

 

Pourtant, si la situation s’aggrave, l’affrontement ne pourra plus être évité. Car la bourgeoisie est bel et bien en crise. Si certains étouffent sous leurs richesses, d’autres sont écrasés par la concurrence. Aujourd’hui la finance prend le pas sur leurs affaires, alors que le marché solvable se rétrécit et que la production stagne. 

Les marchandises les plus idiotes et inutiles qui soient sont produites à saturation. J’en veux pour preuve le marché des jouets de Noël. Nous sommes dans la période, on peut en parler : oui, les enfants vont étouffer sous la quantité de jouets inutiles et stupides qui vont terminer à la poubelle une semaine plus tard. Il n’y a plus de grand-père pour nous dire « ah, de mon temps, à Noël, on n’avait droit qu’à une orange ». C’est un petit exemple, mais qui est symbolique de cette société où les marchandises à bas prix saturent les vitrines. Sous cette avalanche de chose inutiles auxquelles ils ont accès, difficile pour les travailleurs de voir que la crise qui touche le système va se retourner contre eux et que ce sont les plus pauvres qui vont en payer le prix fort. 

 

Car nous vivons dans une société divisée en classes. Cela, la classe ouvrière le ressent parfois mais ne le réalise pas. Cette dépolitisation fait qu’elle n’identifie pas vraiment la classe qui est son ennemi - même si comme le dit la triste publicité pour les restos du cœur, « mon fils quand on est pauvre, on reste pauvre toute sa vie » - les grands possesseurs de capitaux qui se comportent en nouveaux rois du monde. La bourgeoisie accumule aujourd’hui des fortunes jamais atteintes, inimaginables même du temps de Marx, mais surtout, c’est elle qui décide à quoi employer ces immenses moyens, à quoi ils vont servir. C’est ce grand capital qui dirige notre monde, qui fait notre vie et notre mort. 

 

 

C’est cette réalité de la lutte des classes dont les travailleurs sont loin d’être conscients. Dans nos pays riches, des générations de travailleurs n’ont connu ni la misère, ni la famine, ont pu avoir une maison – à condition de ne pas être nés très pauvres à Mayotte – offrir des études à leurs enfants. Et même si notre mode de vie s’est déjà beaucoup dégradé, avec l’inflation, les attaques contre les retraites ou la dégradation et la raréfaction des services de santé, nous vivons encore avec l’illusion qu’il est possible de composer avec la bourgeoisie et son monde. 

 

 

Mais la crise qui se développe, et le chaos que cela créera, risquent de changer la donne. Et il faudra alors que les travailleurs, et déjà les plus conscients d’entre eux apprennent vite où est l’ennemi, à débusquer ses pièges, bref, à ne surtout pas lui faire confiance. C’est cet apprentissage là que la jeune classe ouvrière d’aujourd’hui devra faire très vite dans les luttes à venir. Car il y aura des luttes. Elle va devoir apprendre à organiser les siens, à diriger ses combats, à savoir temporiser quand il le faut, attaquer lorsque c’est nécessaire. L’avant-garde de la classe ouvrière, et même l’avant-garde de l’avant-garde n’est pas prête, mais elle peut apprendre, très vite, dans le feu de l’action, à condition qu’elle sache où regarder, à condition qu’elle ne soit pas dévoyée par les chantres du nationalisme. A condition aussi qu’elle soit pleinement consciente que la bourgeoisie en crise ne lui fera pas de cadeau.  Il lui faudra prendre l’avantage, et profiter par exemple du fait que la grande bourgeoisie est trop confiante en elle, elle est trop sûre de sa puissance, elle est trop sûre de tous ses moyens, et c’est une première culture que l’avant-garde devra acquérir, et en contrepartie, il lui faudra d’abord apprendre faire confiance à ses propres troupes, et cesser de les dénigrer et de se dénigrer soi-même. Car la seule culture que lui a transmis cette société, c’est la culture des gens soumis, celle des esclaves !

 

 

Je ne suis pas en train de vous exposer le petit mémento de la lutte de la classe ouvrière enfermée dans ses frontières. Et la volonté des partis qui chantent le bonheur chez soi tandis que les autres meurent ailleurs est coupable. Quelle absurdité, de voir aujourd’hui le monde à sa porte ! La crise économique est mondiale, les conflits militaires en Ukraine ou en Israël, à Gaza, au Liban, mettent en mouvement des cascades d’alliés plus ou moins concernés, soufflant un vent de guerre mondiale à venir. 

Il est évident que les problèmes de crise économique, et les problèmes de conflits armés, sont entremêlés et vont bien au-delà des frontières, et que derrière les guerres en cours, il y a les intérêts des uns et des autres. Dans ces guerres, les seules victimes sont les soldats qui les font et qui en meurent, et les populations qui les subissent et qui en meurent aussi.

 

 

L’avenir est sombre. Même les plus optimistes ne peuvent le nier, c’est incontestable au jour d’aujourd’hui, et les seuls qui pourront s’opposer au grand capital fauteur de guerre – c’est-à-dire les travailleurs organisés, sont absents !!

S’il semble que la classe ouvrière française est en retard sur les évènements qu’elle va devoir affronter, et s’il semble que c’est particulièrement vrai pour les pays riches européens, la marche des évènements peut être trompeuse, et permettre à d’autres classes ouvrières, acculées, de s’émanciper plus rapidement et de se politiser plus rapidement que notre propre classe ouvrière et d’entrainer les autres et nous avec. 

Qu’en sera-t-il ? Difficile de le savoir. 

Ce que l’on sait d’ores et déjà, c’est que l’histoire est en marche, et que l’avenir ne peut pas être ce monde où quelques richards dont on lit les frasques dans les journaux disposent de toute l’humanité, parasites entretenus grassement par une immense majorité qui fait tout fonctionner sans rien y gagner. Marx disait des prolétaires : « ils n’ont que leurs chaines à perdre, ils ont un monde à gagner ! » Et c’est dans le flux des évènements, et le chaos de l’histoire, que la classe ouvrière pourra mûrir et se politiser et se hausser, grâce à son avant-garde consciente, à la hauteur d’une classe responsable de l’humanité. 

Penser qu’elle puisse être responsable de l’humanité, d’aucuns pourraient penser que c’est bien prétentieux pour une classe qui est soumise, et qui accepte sans broncher l’exploitation. Pourtant, ce rôle-là, elle a été à deux doigts de l’assumer après la première guerre mondiale, et à la suite de sa première révolution victorieuse. C’était précisément après la première guerre mondiale provoquée par la concurrence entre les grands groupes capitalistes, qui avait mis la planète entière à feu et à sang, des pays totalement dévastés comme par un gigantesque tremblement de terre. 

Oui, la bourgeoisie a failli s’effondrer à la suite de ses conflits mondiaux. Mais elle a su se relever, et se renforcer, et devenir outrageusement riche et puissante. Mais son système, auquel elle est si attachée, repose sur la propriété individuelle et privée, c’est-à-dire sur la division des hommes entre eux, sur l’exploitation des uns au profit des autres, et c’est justement cette philosophie qui l’empêche catégoriquement de résoudre les problèmes sociaux de cette planète. Bien au contraire, la pauvreté de la majorité de l’humanité la nourrit et la renforce. Aucune des découvertes et des apports qu’ont fait la science, la technique, ou l’informatique n’a pu réellement résoudre ses problèmes d’inégalités, même avec les outils que le monde moderne lui a procurés. 

            Et tout cela pour nous laisser comme seul avenir peut-être une guerre mondiale encore plus puissante et destructrice que les deux précédentes ? Mais si elle ne nous laisse que ce seul avenir, ça la disqualifie à tout jamais, car ce système abjecte, injuste, aberrant et bête ne peut pas être le seul avenir de l’humanité. 

Cette marche en avant plus que sombre est inscrite dans les faits d’aujourd’hui. Mais nous ne sommes pas des pessimistes qui démissionnent par principe en condamnant l’humanité tout entière. Tant qu’il y a de la vie, nous refusons de plier le genou. Car nous savons que l’histoire est capable d’emprunter des tours inattendus, et que la classe ouvrière, celle qui n’a vraiment rien à perdre, est devenue la classe la plus nombreuse, la plus cultivée, forte de son savoir-faire, de sa science et de sa connaissance de la technique, sera à un moment donné contraint d’intervenir pour faire cesser la destruction, sciemment orchestrée par les classes dirigeantes d’aujourd’hui. 

C’est pour cela que nous refusons de baisser les bras, c’est pour cela que nous restons convaincus qu’il est vital que nous maintenions le flambeau !

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