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Editorial
Code du travail : une provocation qui ne doit pas rester sans réponse
La loi sur le Code du travail qui sera présentée par la ministre du Travail, Myriam El Khomri, a été dévoilée. Ce projet, écrit sous la dictée du Medef, est une nouvelle déclaration de guerre contre le monde du travail.
Le gouvernement parle de « flexi-sécurité ». On voit bien la flexibilité ! Toutes les limitations de la durée du temps de travail sautent. Par accord d’entreprise, la durée maximale pourrait être portée à 12 h par jour et à 48 h par semaine. Et avec accord de l’inspecteur du travail, elle pourrait même aller jusqu’à 60 h.
Non seulement les 35 heures n'existent plus que sur le papier, mais les heures supplémentaires seront de moins en moins payées puisque la majoration légale descendrait à 10 % et puisqu’il deviendrait possible de les comptabiliser sur une, deux, voire trois années.
Mais où est la sécurité ? Où est la sécurité quand les salariés pourront être licenciés dès que les commandes de l’entreprise baisseront, ou dès que la direction prétextera un manque de compétitivité ? Où est la sécurité quand le gouvernement s’échine à défaire le mince filet de protection que constituent les indemnités prud’homales ?
Et ce n’est sûrement pas en réduisant les allocations chômage que le gouvernement « sécurisera » les salariés alors qu’il y a six millions de chômeurs !
Le gouvernement se moque des salariés comme des chômeurs. La seule chose qu’il « sécurise », c’est le grand patronat, ses profits et son pouvoir sur les travailleurs.
En donnant la possibilité aux accords d’entreprise de fixer des droits inférieurs à la loi, le projet sonne la fin de la loi valable pour tous les travailleurs et ouvre les portes à la généralisation du chantage patronal. Et tout est prévu ! Si les syndicats refusaient d’exaucer les quatre volontés patronales, il y aura… le référendum d’entreprise.
Ses défenseurs répètent que personne ne peut y être opposé puisqu’il s’agit de « démocratie ». Mais où ont-ils vu qu’il y avait de la démocratie dans les entreprises ! Les référendums ne sont pas envisagés pour demander l’avis des salariés sur les cadences ou les augmentations de salaires. Ils sont utilisés pour faire du chantage aux licenciements et pour forcer les salariés à abandonner le peu de droits qu’il leur reste.
La flexibilité, les horaires à rallonge, les licenciements arbitraires sont déjà le lot des intérimaires et de bien des salariés des petites entreprises. Car les patrons peuvent contourner de mille façons leurs obligations légales quand ils ne s’assoient pas dessus. Mais ce n’est pas une raison pour que la loi de la jungle devienne la règle.
Beaucoup d’entreprises se sont servies de la crise pour imposer des accords de compétitivité avec suppressions d’emplois et de RTT, avec blocage des salaires, allongement de la durée du travail et généralisation de la précarité. Depuis, elles ont restauré leurs marges et leurs carnets de commande et servent grassement les actionnaires.
Les patrons peuvent donc se réjouir de ce que « les efforts sont payants ». Mais ce sont les ouvriers qui font les efforts et qu’est-ce qu’ils y gagnent ? Le droit de faire de nouveaux sacrifices.
C’est le cas chez Renault où la direction veut un second accord de compétitivité, alors que les profits ont augmenté de 48 % en 2015. C’est le même cynisme chez Airbus, qui veut décompter le temps d’habillage et de déshabillage du temps de travail alors que les profits sont insolents.
Avec cette réforme du Code du travail, Hollande et Valls ouvrent les vannes et autorisent le patronat à y aller encore plus fort.
Et comme pour donner l’exemple, le gouvernement vient de réécrire la réglementation du travail dans le transport ferroviaire avec suppressions de RTT, amplitude horaire accrue, temps de conduite allongé, roulements de plus en plus aléatoires et flexibles.
Les cheminots seront aux premières loges du dynamitage du droit du travail, mais ils ne seront pas les seuls. Si nous laissons faire, aucun salarié n’y échappera. Et pas même ceux qui croient avoir déjà touché le fond de la précarité, parce que l’exploitation n’a pas de limite.
Hollande se démène pour rendre un ultime service au grand patronat. Discrédité pour discrédité dans le monde ouvrier, il est décidé à faire le sale boulot demandé par le patronat jusqu’au bout. Jusqu’à faire ce que même la droite n’a jamais osé. C’est ce que l’on appelle un serviteur dévoué !
La seule chose que l'on puisse espérer de cette loi, c'est qu'elle fasse exploser la colère du monde du travail et débouche sur une mobilisation à la hauteur de la provocation.
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