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Editorial
Les travailleurs doivent imposer aux capitalistes leur droit à l'existence
Le gouvernement et les médias se sont empressés d’enterrer le mouvement des gilets jaunes, après les manifestations en baisse de samedi dernier, qui ont cependant encore réuni des dizaines de milliers de personnes.
Castaner appelle à « libérer les ronds-points », tandis que Philippe fait mine de s’excuser de ce que le gouvernement n’ait pas « assez écouté » et promet que cela va changer. Quel que soit l’avenir de la contestation des gilets jaunes, les raisons de la colère ne disparaissent pas avec ces belles paroles.
Philippe promet des débats qui vont s’éterniser durant des mois et se dit même favorable au référendum d’initiative citoyenne, que des politiciens de tout bord reprennent à leur compte. Mais que le gouvernement permette ou non aux électeurs de s’exprimer plus souvent ne changera pas le fond de sa politique, au service du grand capital et des très riches qui le monopolisent.
Les gilets jaunes l’ont démontré : la mobilisation est bien plus efficace que n’importe quel référendum ! Leur détermination a contraint Macron à en rabattre un peu, même si ces mesures sont insuffisantes et qu’elles seront payées par les classes populaires. Elles seront en effet financées par l’argent public, puisqu’il n’est pas question de s’en prendre aux capitalistes.
C’est au nom du travail que le gouvernement se contente d’une hausse de la prime d’activité sans augmenter le SMIC horaire car, à l’entendre, cela mettrait l’emploi en danger. Les travailleurs seraient donc condamnés à accepter les sacrifices, les payes minables pour des conditions de travail de plus en plus dures et des contrats toujours plus précaires, au nom de la lutte contre le chômage ?
Les bas salaires, la précarité et le chômage vont ensemble. Ils sont le résultat de la guerre que le grand patronat mène au monde du travail pour garantir ses profits, et de la politique qu’il impose en conséquence. Licenciements annoncés par le trust pharmaceutique Sanofi, fermetures de restaurants Flunch et de magasins HappyChic, deux filiales du groupe de la famille milliardaire Mulliez, fermeture d’une usine Nestlé dans l’Oise, d’une usine du groupe anglais Luxfer Gas dans le Puy-de-Dôme… La liste n’en finit pas de s’allonger, et des milliers de travailleurs et leurs familles vont se retrouver sur le carreau.
Ford, qui affiche 7,5 milliards de dollars de bénéfices pour 2017, a confirmé cette semaine la fermeture de l’usine de Blanquefort. Les emplois de près de 900 travailleurs sont condamnés, sans compter ceux des sous-traitants. Macron dit qu’il n’exclut pas de demander à Ford le remboursement des aides reçues. Cette menace dérisoire n’empêchera pas le trust de licencier tranquille. Comme bien d’autres avant lui, Ford a empoché les aides en s’engageant à rester pour une période donnée et il met maintenant la clé sous la porte le plus légalement du monde.
Macron s’aplatit devant les exigences du capital, tout comme ses prédécesseurs. En son temps, Hollande avait déclaré « inacceptable » le plan social de PSA qui supprimait des milliers d’emplois et fermait l’usine d’Aulnay, pour mieux l’accepter après quelques petites retouches cosmétiques.
Le gouvernement reproche à Ford de ne pas jouer le jeu… Mais ce jeu, c’est celui du capitalisme, où ceux qui remportent la mise sont toujours les grands actionnaires ! Les capitalistes eux-mêmes en fixent les règles, exigeant que l’État les arrose d’argent public sans que cela garantisse un seul emploi.
La mobilisation des gilets jaunes a mis sur la table l’un des problèmes des travailleurs : dans l’un des pays les plus riches du monde, il n’est pas possible de vivre dignement de son travail. C’est la loi qu’impose la grande bourgeoisie, mais ce n’est pas une fatalité.
Les travailleurs sont au cœur du système, dans les entreprises où naissent les profits. Ils ont la force et les moyens de se battre pour leurs intérêts ; pour l’interdiction des licenciements, l’augmentation générale des salaires, des retraites et des allocations et leur indexation sur les prix. Ces exigences vitales, les travailleurs ne pourront les obtenir que par leurs luttes, en s’attaquant à la domination du capital sur l’économie.
Lutter pour nos conditions d’existence signifie remettre en cause la loi du capitalisme, qui conduit la société d’une catastrophe à l’autre, menaçant même l’existence de la planète. En prendre conscience est la première étape de ce combat, que les travailleurs sont les seuls à pouvoir mener pour une autre société, débarrassée de la logique du profit.
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