Elections européennes 2024
Lutte ouvrière - Le camp des travailleurs
Anne ZANDITÉNAS
J'ai 58 ans et je suis enseignante en lycée professionnel à Saint-Quentin, dans l'Aisne.
Nombre de nos élèves viennent de familles défavorisées où les problèmes financiers sont liés au chômage et aux bas salaires. Beaucoup d'entre eux ne partent pas en vacances, ne sont même jamais partis, peut-être une fois en colonie et c'est tout. Soit ils sont enfermés dans leur village, puisque il n'est pas si facile de se déplacer, soit ils traînent en ville.
Récemment la société d'HLM des cités de Saint-Quentin a envoyé des régularisations de charges pour l'année dernière. Les sommes demandées vont de quelques dizaines d'euros à 1000 euros, voire 2000 € pour une famille. Ces sommes sont donc extrêmement difficiles à payer. On se demande comment les familles vont faire, sur quoi elles vont se restreindre pour arriver à financer cela.
D'autre part l'ensemble des chômeurs sont obligés de participer à des stages dits « d'immersion », comme s’ils avaient besoin de s'immerger dans la société ! Ce sont des stages gratuits pour l'entreprise. Parfois ces personnes sont payées, parfois elles ne le sont pas, c'est-à-dire qu'elles touchent leur RSA et travaillent en plus. Même s'il s'agit souvent d'une vingtaine d'heures, c'est assez révoltant de voir ça.
Et d'autre part, la réforme du lycée professionnel va conduire un certain nombre de jeunes à augmenter encore leur nombre de stages. Ce seront encore des jeunes livrés gratuitement aux patrons de toute la région. Il s'agit souvent des commerces, des supermarchés, mais aussi des usines, des boîtes d'électricité etc. Nous formons des jeunes en métiers de sécurité, en logistique, en électromécanique, etc., et ces jeunes doivent trouver une place. Parfois, ce n’est pas si facile.
Bien évidemment toute cette concurrence, tous ces gens mis en concurrence, jeunes ou plus vieux, se retrouvent à devoir quasiment quémander auprès de patrons la possibilité de travailler gratuitement. Même si un certain nombre d'entre eux ont des subsides de l'État.
Tout ça est une catastrophe. Cette catastrophe, on la retrouve dans toute l'Europe. Ce n’est pas une situation française et c'est bien pour ça que je tiens à être sur la liste de Lutte Ouvrière pour les européennes, pour représenter les revendications minimums qu'il faudrait pour le monde du travail. Et pour obtenir ces revendications minimums, il nous faut renverser ce système capitaliste. Il n'y a pas d'autre solution.
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