Lutte ouvrière - Le camp des travailleurs

Je m'appelle Marie Savre. Je suis psychologue en hôpital psychiatrique à Clermont-Ferrand. Je travaille dans un service d'hospitalisation et dans un centre médico-psychologique d'un quartier populaire. Il y a eu 82 fermetures de lits en cinq ans, c'est une catastrophe. La recherche de lits disponibles est une préoccupation quotidienne. Et les moyens pour prendre en charge des patients qui restent à domicile n'ont pas augmenté.
A chaque fait-divers spectaculaire dans lequel des malades sont impliqués, le gouvernement et la presse s'offusquent hypocritement du manque de suivi. Mais le nombre de lits de psychiatrie générale a diminué de 60 % entre 1976 et 2016, et ça continue depuis au nom du « coût des lits d'hospitalisation ». Il est notoire que près de la moitié des personnes sans domicile souffrent de graves maladies psychiques.
Depuis 2020, l'argument utilisé pour fermer des lits est le manque de personnel. Pourtant, des jeunes travaillent mais ils ne sont pas gardés. En interne, plusieurs
postulent pour devenir aides-soignants ou infirmiers, mais ils ne sont pas financés.
J'ai des collègues et des patients originaires de tous les continents. Certains ont été victimes de la misère ou de la guerre ; parfois ce sont leurs parents qui ont vécu des histoires terribles. Alors, non seulement les patients doivent survivre et surmonter leurs fragilités mais, en plus, ils affrontent des difficultés pour obtenir un statut, un logement, un travail. Avec la loi Immigration, dernier avatar d’une série de lois iniques, le gouvernement augmente encore les obstacles. Défendre la liberté de circulation et d'installation pour tous est une nécessité. Les frontières sont une aberration. Les travailleurs appartiennent tous à la même classe sociale des exploités, par-delà les continents.