Lutte ouvrière - Le camp des travailleurs

Je m’appelle Michel Piot. Je suis magasinier à Renault Trucks à Vénissieux, dans le bâtiment où sont montés les moteurs de camion. J’y travaille depuis vingt-sept ans. Dans cette entreprise, qui a été longtemps nationalisée, l’Etat et les actionnaires ont réduit drastiquement les effectifs par une vingtaine de plans de licenciements successifs, dans les années 1980 et 1990.

Comme l’immense majorité des ouvriers, je suis rentré en intérim avant d’être embauché. Il faut dire que Renault Trucks use et abuse des contrats précaires : la spécialité de l’entreprise est de faire travailler une majorité de travailleurs dans les secteurs de production avec un contrat pour « surcroît TEMPORAIRE d’activité ».
Le bureau d’embauche de l’entreprise est maintenant occupé par les agences d’intérim travaillant pour Renault Trucks : tout un symbole !

La plupart de ces intérimaires sont issus des quartiers populaires de la banlieue lyonnaise. Ils peuvent rester dix ans voire vingt ans avant d’avoir la « chance » de se faire embaucher en CDI… Cela me choque d’autant plus quand j’entends les médias, le gouvernement ainsi que l’extrême droite parler des banlieues et de leurs habitants comme des assistés ou des voyous !

J’ai moi-même des membres de ma famille qui étaient des immigrés italiens venus trimer en France dans les années 1930. Il en a toujours été ainsi : la classe ouvrière a toujours été constituée par les vagues successives d’immigration. Pour moi, quel que soient notre statut ou nos origines, nous sommes tous des travailleurs, sans lesquels aucune richesse ne serait produite !