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- Lutte ouvrière n°2332
- Nos lecteurs écrivent : La force de travail d'un salarié , une marchandise comme une autre
Article du journal
<i>Nos lecteurs écrivent
</i> La force de travail d'un salarié , une marchandise comme une autre
Bonjour,
Je voudrais apporter un témoignage sur un centre de formation dans lequel une personne de ma famille suit des études. Il s'agit d'un centre privé, mais certifié par l'État, qui propose des formations en alternance payées par l'entreprise, avec des périodes au centre et des périodes dans l'entreprise. Les diplômes obtenus sont reconnus par l'État et du coup valables au niveau européen.
Pour faire sa pub, le centre met en avant sa proximité avec les entreprises, l'adéquation avec les besoins de celles-ci et l'« employabilité maximum » des étudiants sortant de chez eux.
Mais les cours ne sont pas tous de bonne qualité et les enseignants sont en nombre insuffisant. Le même cours est assuré sur plusieurs sites en même temps par un seul enseignant. Le cours est retransmis en direct sur grand écran sur les sites où l'enseignant ne se trouve pas. Cela entraîne des problèmes techniques, comme le décalage de temps lorsqu'un étudiant pose une question, entre le moment où l'enseignant l'entend et le moment où les étudiants entendent la réponse.
Mais ce qui fait la « force » de ce centre auprès des patrons n'est pas la qualité des cours, mais la préparation des jeunes au monde de l'entreprise, car ils sont submergés de travail sur des sujets pour lesquels ils n'ont pas toujours eu de cours. Ils subissent des réunions au cours desquelles ils sont mis plus bas que terre. Si certains répondent qu'ils n'ont pas pu tout faire, la réponse habituelle est : « Tu faisais quoi à 2 h du matin ? » Ils apprennent ainsi à travailler jour et nuit et à s'écraser devant la hiérarchie. À tel point que les semaines au cours desquelles ils sont en entreprise apparaissent presque comme des vacances.
En fait, c'est à l'exploitabilité maximum que les jeunes sont préparés.
D'ailleurs, une fois qu'ils ont été formés, les entreprises qui les emploient, par exemple celles d'« ingénierie », peuvent, selon l'expression d'un patron, les « vendre » un bon prix pour quelques semaines ou quelques mois à d'autres entreprises, selon les besoins.
Bien cordialement