États-Unis : Trump gouvernera avec les banquiers et les spéculateurs07/12/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/12/2523.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Article du journal

États-Unis

Trump gouvernera avec les banquiers et les spéculateurs

Bien que Trump n’ait pas été encore officiellement élu – c’est le 19 décembre que le collège électoral se réunit – et qu’il ne sera intronisé que le 20 janvier prochain, il a déjà choisi la plupart de ses futurs ministres. Il fait la part belle aux politiciens d’extrême droite, aux généraux réactionnaires et... aux banquiers.

C’est un homme de l’extrême droite catholique, taxé pendant la campagne de racisme, misogynie, antisémitisme et islamophobie, que Trump a choisi comme conseiller en chef de la stratégie présidentielle : Stephen K. Bannon. Cet ancien officier de la marine a ensuite été employé pendant quatre ans par Goldman Sachs dans le département des fusions-acquisitions, avant de créer sa propre entreprise financière, en affaires avec Hollywood, un prince saoudien, Silvio Berlusconi, Samsung, Westinghouse et bien d’autres...Cela ne l’empêche pas de clamer : « Je suis un léniniste. Lénine voulait détruire l’État et c’est aussi mon but. Je veux tout faire s’effondrer et tout détruire de l’establishment d’aujourd’hui ».

Ben Carson, ex-candidat des primaires républicaines, neurochirurgien mais créationniste – tout comme le vice-président – affirmant que la terre a 5 000 ans et que la théorie de l’évolution est « satanique », a été un moment envisagé comme ministre de l’Éducation ! Finalement Trump l’a pressenti pour être ministre du Logement et de la Ville, lui qui est contre toutes les lois antidiscriminatoires sur le logement.

À l’Éducation, ce sera Betsy DeVos, une fervente partisane du démantèlement de l’éducation publique au profit des « charters schools », ces écoles privées financées par l’argent public. La politique qu’elle préconise, appliquée au système scolaire de Detroit, a été un désastre, en particulier pour les enfants des familles modestes. Mais manifestement Trump veut poursuivre et accélérer cette politique de privatisation de l’éducation déjà bien entamée dans un certain nombre de villes.

À la Santé, c’est un membre du Tea Party qui a été choisi. Il s’agit de Tom Price, farouche opposant au droit des femmes à l’IVG mais aussi à la contraception et bien sûr au mariage homosexuel. Depuis six ans il étudie la façon de remplacer la loi d’Obama sur l’assurance maladie et est donc censé aider Trump à l’abroger.

Quant au ministre de la Justice, Jefferson Sessions, sénateur d’Alabama, c’est un raciste avéré, admirateur du Ku Klux Klan, anti-immigrants et antimusulmans.

Ainsi, Trump multiplie les gestes destinés à satisfaire les franges les plus réactionnaires de l’électorat républicain et des politiciens qui l’ont soutenu.

Mais le choix de son ministre des Finances répond à de tout autres préoccupations. Steven Mnuchin a fait fortune dans la spéculation, revendant cher les biens achetés à bas prix ; c’est un ancien collaborateur du spéculateur milliardaire George Soros, et un ancien directeur de la banque Goldman Sachs. Trump veut montrer qu’il ne s’en prendra évidemment ni aux banques, ni à la grande bourgeoisie, contrairement à ce qu’il a tenté de faire croire pendant sa campagne avec ses diatribes contre Wall Street. Depuis l’élection de Trump, les actions de Goldman Sachs ont grimpé de 23 % !

C’est aussi un milliardaire qui spécule sur des actifs pourris, Wilbur Ross Jr, qui sera ministre du Commerce, et Todd Rickets, un autre super riche qui possède un célèbre club de baseball, les Chicago Cubs, sera son adjoint. Il est question que le numéro 2 de Goldman Sachs quitte la banque pour rejoindre Mnuchin aux Finances et diriger le Budget. La femme pressentie pour être ministre des Transports, Elaine Chao, est membre de multiples conseils d’administration.

Enfin Trump a annoncé la création de son « forum stratégie et politique » qui sera présidé par le co-fondateur du fonds d’investissement Blackstone, et composé de toute une brochette de directeurs de grandes entreprises telles que General Motors, JP Morgan, BlackRock, Disney, IBM...

Autant dire que ceux qui, parmi les travailleurs, ont cru que Trump était réellement le porte-parole de leur colère, seront déçus. Trump est comme les autres politiciens, tout juste un peu plus réactionnaire, mais tout aussi prêt à servir exclusivement la grande bourgeoisie en continuant à faire payer aux travailleurs le prix fort de la crise. Comme ministre du Travail, il est question du patron de CKE, un groupe qui chapeaute toute une série de chaînes de restauration rapide… tout un symbole !

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