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Européennes 2024
Parade militaire sur le plateau
Le premier débat télévisé pour les élections européennes a été organisé jeudi 14 mars sur la chaîne Public Sénat.
Le critère de sélection des participants était, semble-t-il, d’avoir au moins un élu au Parlement européen sortant, ce qui a permis à Marion Maréchal, pour Reconquête!, de venir déverser sa bile réactionnaire sur le plateau, car Nicolas Bay, transfuge du RN, sur la liste duquel il avait été élu à Strasbourg en 2019, a rejoint le parti de Zemmour lors de dernière élections présidentielle. Nathalie Arthaud ou Jean-Pierre Mercier, têtes de la liste Lutte ouvrière – le camp des travailleurs, pourtant annoncée depuis décembre dernier, n’ont pas été invités.
Un des moments les plus éclairants du débat a porté sur la guerre en Ukraine. Les représentants des listes de gauche – PS, PCF, ELVV, LFI – se sont axés sur les liens entre le RN et le Kremlin, faisant front commun avec la tête de la liste présidentielle, dans un scénario que l’on aurait dit écrit par Macron en personne. Il faut dire que le RN avait envoyé, à la place de Jordan Bardella, le client tout désigné pour cet assaut : ex-ministre de Sarkozy passé à Le Pen en 2019, Thierry Mariani a toujours revendiqué ses amitiés russes et son inclination envers Poutine. Il a défendu sans ciller la position du RN, finalement pas si éloignée des représentants des partis de gauche, soutenant la nécessité d’envoyer des armes à l’Ukraine, tout en dénonçant comme irresponsables les déclarations de Macron sur la possibilité d’envoyer des troupes au sol.
En fait, ce débat illustrait le fait que, du PCF au RN, tous les partis aspirant à accéder au pouvoir pour servir les intérêts de la bourgeoisie sont pour le soutien militaire à l’Ukraine. Les critiques faites aux déclarations va-t-en-guerre de Macron, qu’elles viennent de la gauche ou du RN, visent, par opportunisme électoral, à récupérer le sentiment d’hostilité au président de la République et les craintes d’une large partie de l’opinion à l’évocation de la guerre. Mais tous ont montré que, par-delà les divergences affichées, ils avaient en commun de vouloir défendre « les intérêts de la France », formule qui sert à dissimuler les intérêts de l’impérialisme français au nom desquels les travailleurs sont appelés à se sacrifier.