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- Lutte ouvrière n°2938
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Leur société
Agriculteurs
difficultés des petits et calculs des gros
Une centaine de barrages, de « feux de la colère », d’opérations escargot et autres rassemblements d’agriculteurs ont été organisés par les syndicats agricoles le lundi 18 et le mardi 19 novembre, et étaient appelés à se poursuivre.
Près d’un an après la large mobilisation des agriculteurs, leurs principaux syndicats, FNSEA et Jeunes agriculteurs, Coordination rurale, Confédération paysanne – chacun de son côté – ont lancé cette nouvelle mobilisation, abondamment relayée par les médias.
Tous placent en tête de leurs revendications le refus de l’accord de libre-échange en cours de finalisation entre l’Union européenne et le Mercosur, ainsi que les difficultés persistantes de nombreux agriculteurs pour vivre de leur travail.
Les petits agriculteurs ont bien des raisons d’être en colère, entre les prix imposés par leurs fournisseurs et acheteurs, qui ne leur permettent pas de vivre correctement, les banques qui les asphyxient et l’État qui leur a fait des promesses en l’air il y a un an. Mais l’accord avec le Mercosur, qui n’est pas encore entré en vigueur, n’explique pas leurs difficultés.
Pour les syndicats agricoles, cette mobilisation est un moyen de préparer les élections professionnelles, qui se dérouleront en janvier prochain. Chacun s’est bien gardé d’organiser des opérations en commun avec ses concurrents. La FNSEA en particulier espère faire le plein des voix en paraissant répondre à la colère de la base, et ainsi rester le premier syndicat agricole, alors que son implication dans les instances qui pressurent les petits agriculteurs est contestée par certains. La Coordination rurale, qui se veut plus radicale et dont plusieurs dirigeants affichent leur proximité avec le RN, menace de bloquer le « fret alimentaire », en espérant contester son leadership à la FNSEA. Cette concurrence pour être le premier syndicat agricole a aussi des implications financières, notamment pour l’obtention des subventions publiques.
Dans tout cela, les intérêts des petits agriculteurs ont du mal à se faire vraiment jour. Mais leur colère est bien là.