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- Lutte ouvrière n°2939
- Agriculteurs : face à la domination de capitalistes “ bien français ”
Leur société
Agriculteurs
face à la domination de capitalistes “ bien français ”
Les manifestations d’agriculteurs se poursuivent dans différents départements et sous diverses formes, sans prendre l’ampleur qu’elles avaient eue l’an passé. Elles constituent, pour l’instant, plutôt des démonstrations militantes concurrentes des différents syndicats en vue des élections aux chambres d’agriculture prévues au mois de janvier.
Les syndicats agricoles, la FNSEA en tête, orientent la colère des agriculteurs contre le Mercosur. Pourtant, les problèmes bien réels auxquels sont confrontés les petits agriculteurs aujourd’hui n’ont rien à voir avec cet accord, qui n’est pas encore signé.
Les attaques des syndicats contre le Mercosur sont relayées par tous les politiciens. Ils ont trouvé un nouvel allié, grand « défenseur » des agriculteurs : le groupe Carrefour, qui a annoncé le 20 novembre qu’il ne vendrait aucune viande venue du Mercosur dans ses magasins. Une démagogie qui ne coûte rien, quand on sait que l’origine de la viande n’est pas indiquée dans les plats préparés ou quand on se souvient des « lasagnes au bœuf » Findus qui contenaient majoritairement de la viande de… cheval.
En France, les éleveurs de bovins pour la viande sont parmi ceux qui gagnent le plus mal leur vie. Depuis deux ans, les prix de la viande ayant un peu augmenté, leur revenu s’est amélioré et a atteint 20 000 euros par an en moyenne, mais bien des éleveurs, dont la quasi-totalité ont moins de cent bêtes, gagnent moins, et cela après des années autour du smic. Depuis longtemps, ce sont les abattoirs, les usines de transformation et la grande distribution qui accumulent des profits en leur imposant des prix en dessous de leurs coûts de production.
Les éleveurs de volaille, bien souvent pieds et poings liés aux abattoirs, font face à une pression permanente des transformateurs pour qu’ils baissent les prix, en se servant des volailles importées d’Ukraine à bas prix depuis la guerre. Les éleveurs qui avaient cru s’en sortir en faisant de la volaille Label Rouge sont confrontés à une baisse des ventes et nombreux sont ceux qui ont dû arrêter cette activité. Certains, parmi eux, rejettent la faute sur les travailleurs qui « consomment mal ». Mais c’est bien la baisse du pouvoir d’achat des classes populaires qui les empêche d’acheter de la nourriture de meilleure qualité.
Dans le Sud-Ouest, cet été, les mauvaises récoltes de céréales se sont ajoutées à la crise viticole qui perdure et à la mévente des bouteilles de vin. Les plus gros producteurs pourront faire face à cette crise. Mais pour certains petits exploitants, la situation est tendue : ils doivent reporter le renouvellement de leur matériel et certains ne paient plus leurs emprunts. Ces exploitations ne seront pas perdues pour tout le monde car, pour beaucoup, elles viendront grossir les exploitations des producteurs les plus riches.
Des producteurs de lait et de porc sont présents lors des actions et des rassemblements, voulant affirmer leur soutien aux autres agriculteurs, même si les deux dernières années ont été plutôt de « bonnes années », du fait de prix plus élevés. Mais ils savent que cela risque de ne pas durer, comme l’a rappelé brutalement la décision de Lactalis de ne plus collecter plusieurs centaines d’éleveurs d’ici à un ou deux ans.
Les capitalistes qui étranglent les petits agriculteurs sont aussi ceux qui exploitent les travailleurs dans leurs usines et leurs magasins, et qui rackettent les consommateurs pour augmenter leurs profits. C’est contre eux que les classes populaires ont intérêt à se dresser ensemble.