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Article du journal
Barnier remercié
la crise continue, les affaires aussi
Après des jours de palabres et de concessions, surtout au RN, Barnier a dégainé l’article 49-3 pour faire passer le budget de la Sécurité sociale. Le RN ayant finalement voté la censure avec la gauche, le gouvernement a fini par tomber.
Article mis à jour le 05/12/2024
Six mois après la dissolution de l’Assemblée nationale, trois mois après la nomination laborieuse d’un Premier ministre sans majorité, la crise politique demeure. Macron cherche déjà un remplaçant à Barnier tandis que plusieurs dirigeants de l’opposition réclament la démission du président lui-même. Les tractations en coulisse et les petits calculs politiciens font de nouveau rage pour trouver le mouton à cinq pattes qui acceptera cette fonction très précaire jusqu’à ce que de nouvelles élections législatives soient possibles.
Pour tenter de sauver son poste, Barnier n’a cessé d’agiter la menace d’un chaos économique ou financier pour le pays si les budgets, celui de la Sécurité sociale et celui de l’État, n’étaient pas votés. Les soutiens de Barnier et Macron ont cherché à faire peur en parlant « de marche en territoire inconnu ». Ils ont mis en avant la hausse des impôts que subiront 17 millions de contribuables du fait de l’inflation, puisque les barèmes n’auront pas été réévalués. Certains sont allés jusqu’à laisser entendre que des primes des fonctionnaires ne pourraient être payées.
S’appuyant sur une réalité, la montée des taux d’intérêt payés par l’État français pour emprunter sur les marchés financiers, le camp gouvernemental a exagéré la menace d’une attaque spéculative. En fait, la montagne de dettes publiques et privées, la spéculation débridée, menacent en permanence d’une catastrophe qui n’attend que l’événement déclencheur, cette crise politique ou une autre.
Relativisant cette menace, dès le lendemain de l’annonce du 49-3, le cours boursier des entreprises du CAC 40, un temps à la baisse, avait retrouvé sa valeur.
En réalité, la Constitution a prévu cette situation de blocage. Les parlementaires pourraient ainsi voter une loi spéciale qui reconduirait à l’identique le budget de l’année 2024 jusqu’à ce qu’un nouveau soit établi. Le futur gouvernement pourra aussi prendre des décisions par décret ou par arrêté. On peut être sûr que toutes les mesures qui permettent d’arroser la grande bourgeoisie seront adoptées.
Restera le problème de certaines catégories sociales mécontentes parce qu’elles devront patienter. Ainsi, les agriculteurs ne pourront pas profiter dès janvier des concessions accordées par Attal après leur mobilisation, tout comme les patrons du secteur immobilier qui attendaient une extension des prêts à taux zéro. À l’inverse, les transporteurs aériens ou maritimes, comme les laboratoires pharmaceutiques, vont échapper à la bien petite surtaxe que le projet Barnier leur imposait.
En ce qui concerne les classes populaires, si le budget 2025 leur serrait la ceinture, la reconduction à l’identique du budget 2024, non réévalué de l’inflation, le fera tout autant.