Kourou – Guyane : la guerre, même dans les étoiles12/03/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/03/une_2954-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Kourou – Guyane

la guerre, même dans les étoiles

Pour son premier vol commercial, ce sont trois satellites militaires que la France a envoyés en orbite jeudi 6 mars avec la toute nouvelle Ariane 6.

Initialement prévu le mercredi 26 février, puis le lundi 3 mars, le lancement a été décalé en raison d’une « anomalie au sol ». Les dirigeants français avaient à cœur la réussite de ce tir, et pas seulement pour des raisons commerciales. En effet, le satellite principal que portait Ariane 6 est un satellite espion de nouvelle génération, qui a complété deux autres satellites espions déjà en orbite. Dans le contexte de montée des tensions internationales et de mise à l’écart de l’Europe par l’impérialisme américain dans les négociations sur l’Ukraine, ce tir prévu de longue date vient à point nommé.

L’État français a mis le paquet sur la communication, faisant voler trois Rafale à moins de 30 mètres au-dessus de la Guyane, et déployant 120 militaires aux alentours du CSG (Centre spatial guyanais) en plus des légionnaires déjà sur place.

La presse locale a mis en avant les opérations effectuées par ces avions, de passage en Guyane pour quelques jours, contre l’orpaillage illégal ou la pêche illégale, notamment du fait de bateaux brésiliens. Cela vient alimenter, tant qu’on y est, l’idée que l’État français s’occupe des problèmes de la Guyane. Et pourquoi pas prétendre que les Rafale allaient aider à la construction de routes, à l’amélioration du réseau électrique ou à la construction des logements qui manquent cruellement ?

Pour ce tir, Thomas Pesquet a troqué son scaphandre d’astronaute pour celui de pilote de l’armée de l’air, jouant au passage le rôle de sergent recruteur. Il explique en effet dans la presse son engagement dans la réserve : « On a besoin de réservistes pour faire face aux défis qui nous attendent pour l’armée de l’air et tous les Français. » On est bien loin de ses discours sur la beauté de la Terre et d’un monde sans frontières, tenus lors de son voyage dans l’espace.

Le décollage d’une fusée est toujours bien suivi par la population des environs de Kourou. L’envoi d’un objet dans l’espace à l’aide d’un véhicule d’une puissance impressionnante provoque une émotion que l’on peut comprendre.

Mais avec tout ce remue-ménage autour du premier vol commercial d’Ariane 6, l’État français envoie un message guerrier, un de plus. Il envoie aussi un message aux pays voisins, pour rappeler que la Guyane reste son pré carré.

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