Michelin : diktat patronal, cautions syndicales26/03/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/03/P13-1_Michelin_Cholet_fin_2024_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C40%2C800%2C490_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin

diktat patronal, cautions syndicales

Lundi 24 mars, les syndicats CGC, CFDT et Solidaires ont signé le plan de fermeture des usines Michelin de Cholet et de Vannes, qui va entraîner plus de 1 200 suppressions d’emploi. Seule la CGT a refusé de signer.

Illustration - diktat patronal, cautions syndicales

Selon Michelin, le plan est supérieur de 20 % à celui de 2020 lors de la fermeture de l’usine de La Roche-sur-Yon, donc les futurs licenciés devraient s’estimer heureux. Les syndicats signataires déplorent ces licenciements au sein d’une entreprise ayant réalisé 1,9 milliard d’euros de bénéfice net en 2024 et contestent leur caractère « économique ». Mais leur signature, au nom de « mesures d’accompagnement » bien limitées, revient à céder au chantage patronal. Selon le patron, les syndicats qui ont refusé d’apporter leur aval à un accord aussi généreux auraient été seuls responsables d’un retour à un accord minimal.

Quoi qu’ils en disent, les dirigeants CGC, CFDT et Solidaires s’étaient en fait inclinés dès le départ, car ils craignaient plus que tout la mobilisation des travailleurs de Cholet et Vannes eux-mêmes. Prétendre qu’un plan acceptable pouvait être négocié entre quatre murs au siège du groupe à Clermont-Ferrand, c’était tromper les travailleurs et ils savaient très bien – c’est leur rôle de « partenaires sociaux » – que celui qu’ils signeraient ne ferait qu’entériner le diktat des grands actionnaires. Bilan : leur « dialogue social », dont ils ont tout fait pour qu’il ne soit pas perturbé par l’intervention des premiers concernés, a mené les salariés dans l’impasse.

Si la direction de la CGT Michelin a tenu à se démarquer de l’accord par sa non- signature, sa politique depuis début novembre n’a pas plus permis aux travailleurs de Cholet et de Vannes de mettre toutes les chances de leur côté dans la bataille contre le patron. Elle aussi a prétendu qu’une solution pouvait être obtenue dans des huis-clos à Clermont. Presque jusqu’au dernier moment, les dirigeants de la fédération CGT de la chimie (la FNIC) se sont donné comme objectif de convaincre la direction de reconvertir ses deux sites ou de trouver des repreneurs, comme si Michelin avait besoin des bons conseils de syndicalistes pour gérer ses affaires ! Cette recherche illusoire d’une « alternative industrielle » n’a évidemment rien donné.

Cela n’a pas empêché la CGT de dénigrer les travailleurs qui, à l’usine de Cholet, avaient décidé de se défendre sur leur piquet et au travers d’assemblées générales. Se donner pour but d’arracher à Michelin une prime supralégale de 120 000 euros était, d’après les dirigeants CGT, renoncer à lutter pour les emplois ! Ce qui les a dérangés était surtout la constitution d’un comité de lutte unissant syndiqués et non-syndiqués et décidant au jour le jour, démocratiquement, des actions à mener. En effet, ils se voient comme les représentants naturels des travailleurs auprès de l’employeur et sont allergiques à toute contestation de ce rôle par les salariés du rang.

Le combat des ouvriers de Cholet et de Vannes n’a peut-être pas permis de soutirer à Michelin beaucoup plus que ce qui était prévu par les actionnaires, mais il a indiqué la seule voie à suivre pour les travailleurs aujourd’hui confrontés aux mauvais coups patronaux : celle de la lutte et de l’organisation. Pour que des luttes futures changent vraiment la donne, il se confirme qu’elles ne devront pas se passer « dans les salons » mais qu’il faudra une riposte faisant boule de neige et menaçant vraiment la classe capitaliste.

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