Mozambique : pour les profits de TotalEnergies19/03/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/03/une_2955-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mozambique

pour les profits de TotalEnergies

L’agence américaine de crédit aux exportations (US Exim) vient d’approuver un prêt de 4,7 milliards de dollars à la société TotalEnergies, pour financer son projet de production de gaz naturel liquéfié (GNL) au Mozambique.

Ce prêt avait été accordé en 2020, mais était gelé depuis 2021, suite à une attaque djihadiste à quelques kilomètres du site industriel. Depuis 2010, la découverte de gigantesques champs gaziers en mer avait attiré au Mozambique les principales compagnies pétrolières mondiales, TotalEnergies, ExxonMobil, ENI. Avant l’interruption de 2021, de nombreuses institutions financières avaient accordé près de 15 milliards de crédits au projet de Total.

L’entreprise cherche aujourd’hui à relancer les travaux. Le prêt de la banque publique américaine Exim vient d’être confirmé par le conseil d’administration récemment renouvelé par des nominations de Trump.

Ce projet de production d’énergie fossile pourrait générer davantage de CO2 que les émissions des 27 pays de l’Union européenne réunis. Mais il convient parfaitement aux visées de Total, qui consacre deux tiers de ses investissements dans le monde à développer la production d’énergies fossiles. L’Italie vient, comme les États-Unis, de confirmer son soutien financier. La Grande- Bretagne, les Pays-Bas envisageraient d’annuler les leurs, tandis que les banques françaises Crédit agricole et Société générale n’ont pas encore confirmé leurs prêts. On peut cependant douter que ce soit les scrupules pour la destruction de l’environnement ou le sort de la population du Mozambique qui motivent ces hésitations.

Le Mozambique est un des pays les plus pauvres d’Afrique. Mais les 15 milliards d’investissements de Total, s’ils sont confirmés, ne bénéficieront pas à la population locale, qui subit au contraire de nombreuses exactions liées au projet. Celle-ci tente de survivre entre les attaques des djihadistes et celles des soldats chargés de protéger le site Total, accusés d’avoir enlevé, séquestré dans des conteneurs pendant plusieurs semaines, torturé et tué des civils. De nombreux paysans et pêcheurs ont été expulsés de leurs villages pour laisser la place aux installations et ont perdu leurs moyens de subsistance. Mercredi 13 mars, des manifestants ont interrompu une réunion entre des représentants de TotalEnergies et du district de Palma, dans le village de Quitunda, construit par Total pour les populations déplacées par le projet.

La découverte de ces gisements gaziers au Mozambique rapportera peut-être des milliards aux actionnaires de Total, mais elle est d’ores et déjà une calamité pour la population.

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