Toray – Saint-Maurice-de-Beynost : une grève d’avertissement02/04/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/04/P14-2_Toray_le_24_mars_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C799%2C450_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toray – Saint-Maurice-de-Beynost

une grève d’avertissement

Du 21 au 28 mars plusieurs dizaines de travailleurs de l’usine Toray, à Saint-Maurice-de-Beynost, dans l’Ain, près de Lyon, ont fait grève après l’annonce par la direction d’un plan de productivité.

Illustration - une grève d’avertissement

Les ouvriers et techniciens de cette usine japonaise de 500 salariés fabriquent du film alimentaire dans des ateliers, beaucoup tournant en équipes continues en 5×8. Comme dans toute l’industrie chimique, les patrons de Toray cherchent à leur faire payer les incertitudes sur les commandes et la production engendrées par la flambée des prix de l’énergie et les soubresauts de l’économie mondiale. Depuis des mois, ils utilisent chaque arrêt de production pour renvoyer des intérimaires, faire pression pour que les travailleurs posent des congés ou acceptent d’être déplacés dans d’autres ateliers.

Le 18 mars, la direction annonçait un plan de productivité dont la mesure phare était la promotion d’un cadre, connu pour manier le bâton, dans un atelier de l’usine. Sa mission est de réduire les coûts en augmentant la polyvalence et en réduisant le nombre d’intérimaires et les heures supplémentaires. Selon la direction, sans gain de productivité, l’actionnaire japonais risque de refuser de recapitaliser l’entreprise. Mais ce chantage a fait long feu car son plan a suscité la colère, parfois l’ironie, de toute l’usine, y compris de la part de nombreux cadres.

Les travailleurs de l’atelier V ont réagi sans attendre la mise en œuvre du projet. Le redémarrage de leur atelier étant prévu le 21 mars après un arrêt technique, ouvriers et techniciens se sont mis en grève, certains totalement, d’autres à des moments stratégiques.

Le lundi 24 mars à midi, devant l’usine, une première assemblée générale a discuté longuement du plan patronal, de la grève, des objectifs, du rapport de force dans les différents ateliers. Les 35 grévistes présents ce jour-là ont constaté que la grève touchait surtout l’atelier V et qu’elle devra être plus large pour faire ravaler le projet, mais tenaient à montrer au patron et au nouveau chef leur refus de marcher au pas. Ils ont décidé de poursuivre la grève ou les débrayages et de se réunir tous les jours pour faire le point. Pendant une semaine, l’encadrement n’a pas réussi à faire redémarrer les machines.

Vendredi 28 mars, l’assemblée des grévistes a discuté de la mise en place d’un réseau d’alerte pour réagir ensemble dès que le nouveau chef tenterait de mettre la pression sur quelqu’un. Cette grève d’avertissement leur a permis de vérifier qu’ils peuvent compter les uns sur les autres.

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