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Editorial
Michelin, Auchan... une colère à transformer en lutte de tous les travailleurs !
« Ça fait 50 ans que Michelin nous a usé la santé, et en cinq minutes, ils nous virent », « Michelin assassin », « Menteurs »... C’est avec colère que les ouvriers des usines de Cholet et de Vannes, dont le groupe a annoncé la fermeture, ont accueilli les représentants du gouvernement.
Ils ont mille fois raison et il faut souhaiter que cette colère se répande et pousse à la mobilisation générale. Car des dizaines de milliers de travailleurs sont attaqués sur l’essentiel : leur emploi et leur gagne-pain.
Avec les équipementiers automobiles MA France, Valeo et Dumarey, le chauffagiste Saunier Duval, le chimiste Vencorex, les multinationales Airbus, Michelin, Stellantis, mais aussi Sanofi, Casino, Auchan…, chaque semaine apporte son lot de licenciements massifs ou de fermetures d’entreprise. À ceux-ci il faut ajouter la faillite de centaines d’entreprises plus petites, des artisans confrontés à la baisse du pouvoir d’achat de leur clientèle, des fournisseurs et des sous-traitants étranglés par leurs grands donneurs d’ordre.
C’est inacceptable et il n’y a pas à s’y résigner. Le grand patronat et ses défenseurs justifient cette hécatombe par la crise. Mais où est-elle pour Michelin qui affiche deux milliards de profits annuels ? Où est la crise pour Sanofi, Airbus, Valeo qui augmentent leur chiffre d’affaires et les dividendes versés à leurs actionnaires ?
On nous dit que la concurrence chinoise jouerait comme un rouleau compresseur sur toute l’industrie. Mais la concurrence, nationale et internationale, n’est pas une nouveauté, elle est même à la base de la jungle capitaliste. Et tous les grands groupes en jouent pour arracher la meilleure part du gâteau.
Ce sont des rapaces. Ils en veulent toujours plus, comme tous les groupes capitalistes. Oui, ils se livrent une guerre féroce, mais ils la mènent avec la peau des travailleurs du monde entier qui ne sont, à leurs yeux, que des moyens de production, des pions qu’ils peuvent acheter, vendre ou jeter. « Des esclaves salariés », disait Marx.
Et, en effet, ces groupes capitalistes se comportent en maîtres du monde qui disposent des êtres humains comme de la nature. Ils peuvent priver des milliers de salariés de leurs moyens d’existence et transformer des régions entières en déserts industriels. S’ils peuvent faire quelques millions de plus, ils se moquent de polluer et de bouleverser le climat. Et c’est encore pour leurs intérêts que les États se font la guerre et qu’ils nous enfoncent dans un monde barbare.
Face à ces capitalistes, rois des temps modernes, les politiciens sont pitoyables. Du RN au NFP en passant par Macron et Barnier, ils passent leur temps à nous expliquer qu’il « faut réindustrialiser le pays ».
Mais, aujourd'hui, il n’y en a pas un pour défendre l’interdiction des fermetures des sites industriels et des suppressions d’emplois ! Il n’y en a pas un pour obliger Michelin à assurer les emplois et les salaires à Cholet et à Vannes ! Pas un pour demander la répartition du travail entre tous les salariés chez Airbus, Sanofi, Valeo, Auchan… !
La famille Mulliez (Auchan, Décathlon, Leroy Merlin, Kiabi, Saint-Maclou, Norauto…) possède plus de 50 milliards d’euros. Assurer les salaires aux 2 400 salariés dont elle prétend devoir se débarrasser ne lui coûterait rien par rapport à ce patrimoine colossal.
Il faut réquisitionner les profits présents ou passés de tous ces groupes pour donner les garanties demandées par les salariés. Mais il n’y a pas un seul politicien qui ose l’affirmer. Parce qu’il n’y en a pas un seul décidé à s’affronter réellement aux grandes familles bourgeoises régnantes.
Leur empressement à dénoncer les Chinois, la concurrence étrangère, les normes ou la mauvaise politique de l’Union européenne, n’est que poudre aux yeux. Il n’est là que pour faire diversion et cacher leur servilité vis-à-vis des licencieurs à la tête de tous ces groupes.
Ce que le gouvernement ne fera jamais, les travailleurs doivent l’imposer par la lutte, il n’y a pas le choix. Pour les milliers d’ouvriers et d’employés menacés d’être envoyés au chômage, le combat commence aujourd'hui.
Cela fait des années qu’il n’y a pas eu de luttes massives et victorieuses, opposant la classe ouvrière au grand patronat. Mais les travailleurs n’ont rien perdu de la force que leur donne leur supériorité numérique. Surtout, c’est d’eux que dépendent les profits et les fortunes des capitalistes, et cela leur donne de quoi imposer un rapport de force favorable contre tous ces parasites.
Alors, à condition de s’unir et de s’organiser, les travailleurs ont la force de mener le combat pour leurs intérêts et pour se faire respecter !