IL FAUT METTRE L'ÉCONOMIE SOUS LE CONTRÔLE DES TRAVAILLEURS15/12/20252025Éditorial/medias/editorial/images/2025/12/AFP__20251211__87RM4ZQ__v2__HighRes__PortraitDuMaireDeSaintMaloGillesLurton.jpg.420x236_q85_box-0%2C567%2C5436%2C3628_crop_detail.jpg

Editorial

IL FAUT METTRE L'ÉCONOMIE SOUS LE CONTRÔLE DES TRAVAILLEURS

Illustration - IL FAUT METTRE L'ÉCONOMIE SOUS LE CONTRÔLE DES TRAVAILLEURS

Les 750 salariés de Brandt recevront leur lettre de licenciement à Noël. Et combien d’autres si on prend en compte les entreprises qui ferment sans faire la une de l’actualité ? 

Rien que pour l’industrie, après ArcelorMittal, NovAsco, Valeo, Forvia, Michelin, Stellantis, Blédina, Teisseire… 165 sites sont menacés depuis septembre, dont beaucoup de PME. Tous secteurs confondus, la CGT a recensé 483 plans de suppressions d’emplois sur les 18 derniers mois et plus de 100 000 emplois menacés ou supprimés. 

Qui est accusé de cette saignée ? Le « libre-échange », la « concurrence déloyale », la « déferlante chinoise », entend-on. Façon commode de faire diversion en dédouanant de toute responsabilité les actionnaires, le grand patronat et tous ceux qui se sont enrichis pendant des décennies sur le dos des travailleurs ! 

Ne nous laissons pas enfumer : il faut demander des comptes à ceux qui dirigent et ont dirigé ces entreprises et à leurs commanditaires, les grands actionnaires, les bénéficiaires richissimes des fonds d’investissements ! Vont-ils se retrouver au chômage, eux ? Craignent-ils de sombrer financièrement ? Non. En exploitant les travailleurs, ils ont amassé des fortunes et ils vont continuer d’être les maîtres et les premiers profiteurs de l’économie. 

Il faut obliger ces capitalistes à payer en continuant de verser tous les salaires et en faisant en sorte que pas un seul de leurs salariés n’ait à franchir la porte de France travail ! Il faut prendre sur les profits et les dividendes accumulés pour assurer une vie digne à tous les travailleurs !

Tous les partis politiques jurent vouloir lutter contre la désindustrialisation. À la tête des villes ou des collectivités locales, ils ont tous exactement la même politique que Macron : promettre des dizaines de millions d’aides publiques aux capitalistes pour qu’ils daignent investir en France.  

C’est un double gâchis car cela n’arrête pas les fermetures et les licenciements et cela vide les caisses de l’État, alors que celui-ci devrait embaucher et créer lui-même des emplois, ô combien utiles, dans la santé, l’aide et les soins aux personnes âgées et dépendantes, dans l’éducation. 

L’unique métier des capitalistes, si l’on peut appeler cela un métier, est de faire fructifier leurs capitaux. Ils se moquent autant des travailleurs que d’organiser l’économie de façon rationnelle. Ils ont transformé la Chine en atelier du monde, parce que les bas salaires y rendent l’exploitation plus profitable. Et quand les industriels font fabriquer leurs articles de sport ou leurs téléphones portables en Chine, ils ne trouvent rien à redire à la « concurrence déloyale » ! 

On parle maintenant de nationalisation comme d’une solution à la désindustrialisation. Mais les travailleurs qui ont connu la nationalisation de la sidérurgie, opérée en 1982 par le gouvernement de Mitterrand auquel participaient des ministres communistes, en gardent un cuisant souvenir.  

Loin de sauver les emplois, ce gouvernement a sauvé les capitalistes, en les débarrassant d’un secteur qu’ils ne jugeaient plus assez rentable. Pour les travailleurs, ce fut la saignée. En vingt ans, les effectifs de la sidérurgie sont passés de 157 000 à moins de 40 000, ruinant des villes comme Longwy en Lorraine et Denain dans le Nord. 

Que l’État dirige à la place des capitalistes ne change rien au fait que l’économie est organisée autour de la recherche du profit, de la propriété privée et de la concurrence et qu’elle impose, à tous, une course folle à la compétitivité. 

C’est aussi le problème des coopératives. Celles-ci font la preuve que les travailleurs sont capables de se diriger sans avoir des actionnaires parasites sur leurs dos et c’est pour cela que le grand patronat et les banquiers ne les aiment pas. Mais les travailleurs qui gèrent ces Scop restent, comme les petits patrons, prisonniers de la jungle capitaliste et de ses règles. 

Pour que l’économie réponde aux besoins de tous et ne soit plus guidée par la course au profit et à l’enrichissement illimité d’une minorité, il faut que nous la mettions sous notre contrôle. Cela nécessite d’exproprier les capitalistes et de renverser l’État, entièrement au service de la bourgeoisie.

Et alors, nous pourrons décider, ensemble, quoi produire, comment et en quelle quantité. Nous pourrons supprimer le chômage en répartissant le travail entre tous. Nous pourrons mettre fin à la concurrence destructrice en coopérant avec les travailleurs des autres pays pour profiter des progrès réalisés par les uns ou par les autres. 

Ce n’est pas une utopie car les moyens matériels et technologiques sont là, à portée de main.  

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