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- Lutte ouvrière n°2077
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Article du journal
Marins-pêcheurs
La colère fait tache d'huile
Le mouvement de protestation des marins-pêcheurs, commencé aux Sables d'Olonne mardi 12 mai, s'est étendu maintenant à toutes les côtes et à quasiment tous les ports de pêche. Les marins-pêcheurs exigent que le gouvernement tienne la promesse faite en novembre 2007 de maintenir le prix du gazole à un niveau acceptable, ou de compenser sa hausse.
Actuellement les marins payent le gazole-pêche détaxé un peu plus de 70 centimes d'euro le litre et jusqu'à 80 centimes à l'île d'Yeu. En novembre 2007 ils avaient arrêté leur mouvement lorsque le président du Comité national des pêches leur avait dit : " Messieurs repartez au travail ", estimant avoir " toutes les certitudes demandées pour avoir un gazole à 0,30 euro "...
Or le prix du carburant a plus que doublé, tandis que les marins ont du mal à obtenir de bons prix pour leur pêche. Ils sont en effet obligés de passer par des " criées " et des grossistes derrière lesquels il y a les grands groupes de distribution. Un marin du Havre remarquait que le maquereau qu'il avait vendu 0,40 euro le kilo à la criée se retrouvait à 4,60 euros dans un hypermarché de Saumur !
Les marins-pêcheurs sont ainsi pris en étau entre les groupes pétroliers et les hypermarchés qui fixent les prix. Selon un marin participant au blocage du port de La Rochelle, une semaine de pêche avait rapporté 7 000 euros de poisson et coûté 6 300 euros de gazole ! Impossible donc non seulement de payer l'équipage décemment mais même d'entretenir le matériel.
Les mesures avancées par le gouvernement en novembre dernier et chiffrées par lui-même à trois cent dix millions d'euros en trois ans auraient été de toute façon insuffisantes. Mais avec la flambée des cours du pétrole elles deviennent ridicules et nombre de patrons pêcheurs sont acculés à la faillite.
Le ministre de l'Agriculture et de la Pêche Michel Barnier devait réunir une fois de plus les représentants de la profession mercredi 21 mai. S'il n'a pas trouvé de solution, il a en revanche trouvé une nouvelle explication. Le gouvernement voudrait bien, dit-il, faire quelque chose, mais c'est " Bruxelles " qui l'empêcherait de subventionner le gazole et de le vendre " au-dessous des cours du marché ".
Mais alors qu'est-ce qui empêcherait le gouvernement de contraindre les trusts pétroliers comme Total d'une part, les chaînes d'hypermarchés de l'autre, à prendre sur leurs milliards de bénéfices pour que les pêcheurs puissent vivre de leur travail ?