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- Lutte ouvrière n°2202
- Total - Carling (Moselle) : Pas plus de respect pour les travailleurs que pour la nature
Article du journal
Total - Carling (Moselle)
Pas plus de respect pour les travailleurs que pour la nature
Après avoir été condamnée en mars dernier, la société Total Petrochemicals était de nouveau citée à comparaître au tribunal de Saint-Avold mardi 5 octobre par l'Adelp (Association agréée pour la défense et la lutte contre la pollution de Moselle Est) et FNE (France Nature Environnement).
En mars dernier en effet, Total et Cokes de Carling - l'ancienne cokerie des Houillères aujourd'hui fermée - étaient condamnés respectivement à 7 200 et 1 500 euros d'amende pour avoir méconnu la législation environnementale. Plusieurs arrêtés préfectoraux avaient demandé à ces deux sociétés de fournir des études sur le confinement et le traitement de pollutions suite à une pollution des eaux au benzène. Ces études n'étaient jamais arrivées ou avec bien du retard.
Selon le président de l'Adelp, « on trouve dans la nappe, en dehors de l'emprise du site, des concentrations 20 000 fois supérieures à la norme en benzène, qui risquent d'atteindre des captages d'eau potable ». C'est dire l'étendue du problème. Total avait, en outre, été condamné pour ne pas avoir informé suffisamment tôt la Drire (Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) lors d'une pluie d'hydrocarbures survenue sur la zone industrielle le 6 novembre 2008.
Aujourd'hui, il est reproché à Total de ne pas avoir vidangé à temps des cuves contenant des produits toxiques. En effet, en 2003, la direction arrêtait l'unité des benzols et l'atelier cyclohexane sur la plate-forme chimique. Total s'engageait alors à « achever l'élimination des résidus solides en fond de bâches et de bacs pour fin 2005 ». Mais en novembre 2009, une cuve de stockage de benzols contenait encore une centaine de tonnes de résidus solides dans son fond. Le bac n'a été vidangé ensuite qu'après une mise en demeure de la Préfecture.
L'Adelp ajoute que « ce bac devait même être vidangé avant la fermeture de l'unité et mis hors d'exploitation, comme le stipule un arrêté préfectoral du 2 août 1996... Total a traîné quinze ans en maintenant le bac R2 avec du benzol à l'intérieur ». Le benzol est un mélange de benzène, toluène et xylène qui présente des risques d'incendie mais aussi de pollution atmosphérique par évaporation. Certes, les résidus constatés en 2009 étaient solides... l'évaporation a eu le temps de faire son oeuvre.
Les propriétaires privés des mines de fer et de charbon, aux 19e et 20e siècles, ont ruiné le sous-sol en surexploitant les couches de minerai, ce qui provoque, des décennies plus tard, des effondrements miniers. Et aujourd'hui, des groupes immensément riches comme Total ne se donnent même pas la peine de respecter la législation visant à prévenir la pollution ou les accidents industriels, comme l'a montré l'explosion d'AZF à Toulouse.