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- Lutte ouvrière n°2211
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Article du journal
Grèce
Manifestations contre une austérité accrue
La semaine du 13 au 30 décembre aura été une semaine de manifestations contre les projets de loi du gouvernement Papandréou. Avant même la grève générale du mercredi 15 décembre, prévue par les syndicats du secteur privé (GSEE) et du secteur public (ADEDY), des grèves partielles ou totales ont eu lieu, en particulier dans les banques et les services publics.
Lundi 13 décembre, la grève dans les transports a bloqué Athènes pendant six heures. Mardi 14, les travailleurs d'entreprises publiques et privées ont manifesté devant le Parlement aux cris de « Nous ne nous sacrifierons pas pour les banquiers », « Résistons, ils nous volent notre pain et nos emplois ». Les policiers, les pompiers et les travailleurs du port devaient aussi se rassembler sur une autre place d'Athènes.
Les dernières attaques du gouvernement portent sur les conventions collectives. Le projet de loi maintient le salaire minimum à 740 euros, mais il autorise des baisses de salaire dans le secteur privé et facilite les licenciements en permettant aux accords d'entreprise de prendre le pas sur les conventions collectives de branche. Dans les entreprises d'utilité publique - l'électricité, les transports, la radiotélévision, la poste - le gouvernement prévoit des coupes salariales de 10 % à 25 % pour les salaires mensuels supérieurs à 1 800 euros et impose la règle d'une embauche pour cinq départs. Tout cela s'ajoute aux restructurations déjà prévues qui, dans les chemins de fer par exemple, auront pour conséquence la mutation de 2 700 travailleurs vers d'autres services... Dans la santé, la situation est critique : le personnel d'un hôpital pour enfants à Athènes a refusé d'appliquer l'allongement des horaires, alors que le salaire horaire de tout le personnel, sauf pour les médecins, a subi une coupe de 20 %.
La vie devient de plus en plus dure, et même catastrophique pour les retraités, qui ont manifesté eux aussi le 6 décembre contre la diminution de leurs pensions, pour les chômeurs, dont le chiffre officiel était en septembre de 12,6 % et pourrait atteindre 15 % officiellement l'an prochain. Elle est insupportable pour tous les travailleurs dont le salaire ne suffit plus à payer les dépenses courantes, d'autant plus que le gouvernement prévoit une nouvelle hausse de la TVA de 11 % à 13 %, sauf pour les médicaments. D'après l'enquête annuelle de l'Autorité statistique, 19,7 % des Grecs sont menacés de pauvreté, soit plus de deux millions de personnes.
C'est le deuxième volet de l'austérité imposée à la Grèce par la « Troïka » - la Commission européenne, la Banque européenne et le FMI - en échange du versement de la nouvelle tranche de 15 milliards prévue pour février 2011. Strauss-Khan, en tant que directeur du FMI, puis Olli Rehn, commissaire européen, se sont d'ailleurs succédé à Athènes début décembre pour expliquer au gouvernement qu'il fallait prendre des décisions « courageuses », et sans doute pour longtemps car, selon Olli Rehn, il ne faudrait pas attendre de croissance économique avant 2020. Et pour faire bonne mesure, d'après l'hebdomadaire Proto Rhema, une centaine de commissaires de Washington et de Bruxelles viendraient s'installer à Athènes à partir du 2 janvier 2011 pour contrôler la bonne application du plan d'austérité et contrôler les dépenses et les recettes de l'État.
Des milliards sont en jeu, et des milliards qui rapporteront 5,5 % d'intérêt aux prêteurs, c'est-à-dire aux banques européennes, dont des banques françaises. On comprend que tous ces experts portent une telle attention à cette entreprise qui, loin de l'aide qu'elle prétend être, ressemble à une extorsion de fonds sur le dos de la population grecque.