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- Lutte ouvrière n°2305
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Article du journal
Dans l'automobile
Les patrons à l'attaque
À l'occasion du Mondial de l'automobile, les patrons de Renault et de PSA ont clairement annoncé la couleur : ils veulent durcir encore un peu plus la guerre contre les salariés. Varin, patron de PSA, Saint-Geours, directeur général du même groupe, Ghosn, patron de Renault, se sont répandus dans la presse pendant toute la semaine pour exiger du gouvernement qu'il les aide à augmenter leurs profits.
Et tous d'entonner la même rengaine : il faut faire baisser le coût du travail, il faut plus de flexibilité, il faut moins de droits pour les travailleurs. « Nous avons un problème de coût du travail et nous avons besoin de flexibiliser le travail », a expliqué Carlos Ghosn, pendant que son compère Varin pleurnichait sur « l'extrême importance d'alléger les charges sur les emplois industriels. » Et il ne s'est pas gêné pour expliquer que PSA avait peut-être mauvaise presse avec la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois, mais que ce n'était qu'un début et que « certains concurrents », c'est-à-dire Renault, pour ne pas le nommer, devraient « mener des opérations similaires ». Et il ne fait de doute pour personne, en effet, que si PSA réussissait à fermer une usine de montage en France, Renault lui emboîterait le pas.
Les patrons de l'automobile ont évidemment trouvé un homme qui les comprend en la personne du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault qui, au lieu de répondre que c'est le gavage organisé des actionnaires qui coûte cher et non le travail des ouvriers, a expliqué que son gouvernement cherchait des solutions pour améliorer la compétitivité, ajoutant, pour qu'on comprenne bien : « Le coût du travail n'est pas un mot tabou. »
Quel lamentable tandem que ce patronat qui en demande toujours plus et ce gouvernement qui ne cherche qu'à lui complaire ! Derrière les mots ronflants de ces gens-là, « compétitivité », « recherche de la performance », ce sont des milliers de drames humains qui se jouent : ceux des travailleurs menacés d'être jetés à la rue, et de tous ceux qui resteront au travail mais à qui, au nom de la « productivité », on cherchera à imposer des cadences toujours plus dures. Et derrière la « baisse des charges sur les emplois » qu'exigent les patrons, il y a de nouvelles exonérations, c'est-à-dire de nouveaux milliards offerts en cadeau aux patrons, et qui manqueront demain dans les caisses des services publics utiles à tous.
Un exemple de ce que les patrons appellent « accords de flexibilité » -- et que le gouvernement est bien parti pour permettre de généraliser -- est l'accord signé entre la direction de PSA et certains syndicats à l'usine de Sevelnord. Contre une hypothétique promesse de ne pas fermer l'usine, la direction a imposé le gel des salaires et une flexibilité accrue sur le temps de travail, c'est-à-dire « l'overtime », tel qu'il est pratiqué dans l'usine voisine de Toyota : si le patron le décide, les ouvriers se voient obligés de rallonger leur journée d'une ou deux heures supplémentaires... On sait quand on arrive au travail, mais on ne peut même plus savoir quand on en sort ! Rien d'étonnant à ce que cet accord fasse frémir de bonheur Denis Martin, le directeur industriel du groupe, qui a affirmé que son ambition était d'étendre ce type d'accord « dans d'autres environnements », c'est-à-dire dans les autres usines du groupe Peugeot.
Les travailleurs sont prévenus : le patronat de l'automobile, qui se fait en la matière le porte-parole et la tête de pont du patronat tout entier, veut attaquer sur tous les terrains en même temps. Il n'y aura qu'une contre-attaque généralisée du monde du travail qui permettra d'empêcher tous ces gens -- patrons et ministres -- de faire revenir les droits et les conditions de vie de la classe ouvrière des dizaines d'années en arrière.