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- Lutte ouvrière n°2343
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Article du journal
Journal <i>Les Échos</i>
Les femmes de la rédaction pour l'égalité de traitement
Chaque jour, les femmes sont aussi nombreuses que les hommes à participer à la réalisation du journal mais, comme elles le disent, « il n'y a de femme ni à la rédaction en chef ni à la direction de la rédaction du quotidien ».
Après le départ vers d'autres fonctions de l'ancien directeur de la rédaction, Henri Gibier, et la nomination de Nicolas Barré, son adjoint, à la tête de la rédaction, les femmes des Échos espéraient que la misogynie ambiante s'estomperait. Il n'en a rien été. La composition de la nouvelle équipe dirigeante est sans appel : 12 hommes et zéro femme. Officiellement, aucune femme ne correspondait au profil recherché !
Cette goutte a fait déborder le vase, car les griefs sont nombreux et anciens. À l'opacité des promotions internes réglées « entre amis » s'ajoutent les inégalités des augmentations individuelles de salaire, des primes, de la mobilité interne, et la mise au placard des femmes qui auraient le malheur d'avoir trop d'enfants. Certains de ces problèmes concernent aussi les hommes, mais les femmes ont été les premières à réagir.
Ce mouvement, qui a changé l'atmosphère du journal, a reçu des marques de sympathie des autres services, mais aussi de médias extérieurs. En effet, s'il est admis que la rédactrice en chef de Elle ou de Marie-Claire puisse être une femme, c'est plus difficile quand il s'agit des quotidiens d'information.
Quoi qu'on pense de la ligne propatronale du quotidien Les Échos, et donc de bien des articles qu'elles contribuent elles aussi à écrire, les rédactrices des Échos ont raison de se mobiliser pour l'égalité de traitement entre hommes et femmes. Francis Morel, le PDG du groupe Les Échos, a dit prendre ce mouvement « très au sérieux » et s'est dit prêt à recevoir ses représentantes. Les femmes de la rédaction sont venues à une quarantaine à cette réunion symbolique, mais assez cocasse : une quarantaine de femmes dans des tenues colorées face à sept hommes en costume-cravate noirs...
Il est sorti de là trois groupes de travail, où les femmes des Échos vont mettre en forme leurs griefs et revendications sur les promotions, l'organisation du travail, et surtout les salaires et les inégalités à leur détriment.
On verra maintenant si la direction prend ce mouvement « très au sérieux », au point de répondre aux revendications. En tout cas, il reste aussi dynamique qu'au départ et s'est même élargi à une partie des femmes secrétaires de rédaction ou s'occupant de l'iconographie, qui se sont associées au mouvement.